Pêche post-Brexit: Girardin dénonce l'absence de volonté de Jersey de coopérer avec la France

46 demandes d'autorisation déposées par des pêcheurs français restent sans réponse et 52 licences ont expiré le 31 octobre - Sameer Al-DOUMY © 2019 AFP
La ministre française de la Mer Annick Girardin a dénoncé jeudi l'absence de volonté de coopérer de l'île anglo-normande de Jersey, dans le cadre des difficiles négociations en cours sur l'attribution de licences de pêche post-Brexit dans les eaux britanniques.
"Il est définitivement évident que Jersey ne respecte pas l'accord Brexit, pire, il démontre une non-volonté de coopérer avec nous", a déclaré la ministre dans une intervention aux assises de la pêche organisées à Saint-Pol-de-Léon (Finistère).
Elle a rappelé que 46 demandes d'autorisation étaient encore sans réponse et que 52 licences avaient expiré le 31 octobre, "dont 13 prioritaires, privant ces pêcheurs d'un accès aux eaux de Jersey".
"Pour faire pression" sur le gouvernement de Saint-Hélier, elle a demandé à ses services "de renforcer fortement les contrôles sur les navires britanniques" dans la zone.
En vertu de l'accord de Brexit signé fin 2020 entre Londres et Bruxelles, les pêcheurs européens peuvent continuer à travailler dans les eaux britanniques à condition de pouvoir prouver qu'ils y pêchaient auparavant. Mais Français et Britanniques se disputent sur la nature et l'ampleur des justificatifs à fournir.
Survie économique
Dans les zones encore disputées, les gouvernements de Londres et des îles anglo-normandes ont accordé à ce jour près de 220 licences définitives. La France, qui a réduit ses exigences, réclame encore quelque 150 licences.
Désireux de voir la situation se débloquer, Paris a ciblé "en priorité" quelques dizaines de dossiers: ceux des navires dont la survie économique dépend largement de l'accès aux eaux britanniques.
"C'est d'une visibilité dont vous avez besoin. Je vais donc être franche avec vous, il nous faut nous préparer à ces pertes", a déclaré Annick Girardin. "Sans préjuger des suites de la négociation, j'ai demandé à la DPMA (Direction des pêches) de me proposer, en relation avec les professionnels, une estimation des plans de sortie de flotte que je pourrais financer", a-t-elle annoncé.
Elle a précisé qu'"une enveloppe de 40 à 60 millions d'euros" pourrait "être mise sur la table". Ces fonds, provenant d'une enveloppe européenne destinée à accompagner les conséquences du Brexit, serviront notamment à indemniser les pêcheurs dont les navires ne pourront pas être repris et finiront à la casse. "Le ministère ne forcera aucun navire à sortir, la démarche est volontaire, au cas par cas, pour les navires qui seront éligibles au dispositif", a précisé la ministre.