Trésorerie, importations... Pourquoi les agriculteurs refusent de mettre fin à tous les blocages

Très attendu, l'arsenal de mesures du gouvernement présenté vendredi soir par Gabriel Attal ne suffit pas à éteindre la grogne des agriculteurs. Dans la foulée de ces annonces, la FNSEA, le syndicat majoritaire du secteur, et ses alliés, Jeunes agriculteurs ont en effet appelé à poursuivre la mobilisation. Même si certains barrages ont été levés à la mi-journée ce samedi, Jeunes agriculteurs, décidé à maintenir la pression, pourrait bloquer la capitale dès lundi.
Pourtant, l'exécutif a dévoilé dix mesures de simplification immédiate. Pour ce qu'il qualifie de "nouveau chapitre pour l'agriculture française", Gabriel Attal a notamment annoncé une réduction du délai de recours contre les projets agricoles de quatre à deux mois, et une accélération des procédures.
Il a également accédé à plusieurs revendications phares des manifestants comme l'annulation de la hausse de la taxe sur le gazole non routier (GNR) et le respect "partout" de la loi Egalim en renforçant les contrôles. Alors que manque-t-il à ces propositions pour mettre fin à la mobilisation et donner satisfaction aux agriculteurs? Qu'espèrent-ils obtenir en maintenant la pression?
Restaurer la trésorerie des agriculteurs
Plusieurs points d'achoppement persistent après les annonces de Gabriel Attal. Parmi eux, le besoin de davantage soutenir la trésorerie des agriculteurs, étranglés, d'un côté, par la hausse des coûts de leurs intrants et par leur faible rémunération de l'autre.
"Il y a des choses positives, notamment sur la simplification des tâches administratives", a reconnu vendredi soir un porte-parole du mouvement à Agen (Lot-et-Garonne) au micro de BFMTV.
Une "année blanche"
"En revanche, on demande du cash, on a besoin de trésorerie et on a demandé la détaxation des produits phytosanitaires", a-t-il ajouté.
Pour restaurer les comptes des exploitants, certains demandent en particulier la mise en place d'une année blanche et le report des remboursements de crédits contractés par les professionnels du secteur. C'est une des principales revendications portées notamment par le syndicat Coordination rurale.
Un soutien renforcé à l'installation
Mais c'est aussi sur une autre des revendications de la FNSEA que des annonces supplémentaires sont attendues. Pour Arnaud Gaillot, le gouvernement ne pourra "redonner un cap" à l'agriculture tricolore sans accompagner davantage ces exploitants.
Il demande donc un soutien renforcé à l'installation pour les jeunes agriculteurs.
Des mesures pour les éleveurs
Ce samedi sur BFMTV, Yohann Barbe, président de l'Union des producteurs de lait des Vosges et membre de la FNSEA, a déploré quant à lui l'absence de mesures visant à soutenir l'élevage.
Dans sa liste de revendications transmise le 24 janvier, le syndicat majoritaire demandait de "faire de l’élevage une grande cause nationale" en refusant notamment les accords de libre-échange.
Limiter les importations
Car ces accords entraînent ce que beaucoup d'agriculteurs considèrent comme une concurrence déloyale et, à terme, une tendance à la baisse de leur rémunération.
A l'antenne de BFMTV, le président de Jeunes Agriculteurs Arnaud Gaillot a jugé qu'"il (manquait) tout un tas de réponses" notamment sur la souveraineté alimentaire.
"Il nous met un pansement en nous parlant du GNR", a ainsi estimé Nicolas Granvillain, céréalier et représentant de Jeunes Agriculteurs sur le péage de Saint Arnoult. "Il faut arrêter de faire entrer en France des produits non conformes aux normes françaises", a-t-il ajouté.
Quant à la confédération paysanne, elle appelle à un changement profond de modèle pour l'agriculture française.
"Pour nous, c'est le moment de rompre avec le dogme du libre-échange qui nous étrangle depuis tant d'années", a plaidé Thomas Gibert, secrétaire général de l'organisation à l'antenne de BFMTV.
"On a une opportunité d'obtenir un revenu, on lâche rien, on continue la mobilisation, on continue les blocages", a-t-il lancé.