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La France dépense-t-elle plus pour les retraites que les autres pays développés?

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Parmi les pays étudiés par le COR, la France est le deuxième à avoir les dépenses (publiques et privées) de retraite les plus élevées rapportées au PIB.

321,1 milliards d'euros. C'est le montant consacré au paiement des pensions de retraite de base, complémentaires et de droit dérivé en France en 2021, après prise en compte des prélèvements sociaux, selon le dernier rapport du Conseil d'orientation des retraites (COR).

Les dépenses brutes du système, avant déduction des prélèvements sociaux (CSG, CRDS, CASA, etc.), s'élèvent quant à elles à 345,1 milliards d'euros. Soit 13,8% du PIB tricolore. Une part qui a peu évolué par rapport à 2017. Cette année-là (derniers chiffres connus pour l'ensemble des pays), les dépenses de retraite ont représenté 13,9% du PIB en France (13,6% hors dépenses privées). Seule l'Italie (16,7%) affiche un ratio plus élevé parmi les pays étudiés par le COR.

Si des pays comme la Belgique, les Etats-Unis, l'Allemagne ou le Japon "sont à des niveaux relativement proches entre eux" avec des dépenses de retraite représentant entre 11 et 12% du PIB, "plusieurs pays (...) consacrent une part nettement moins élevée" de leur richesse nationale aux dépenses de retraite, relève le COR, citant notamment le Royaume-Uni, les Pays-Bas et le Canada.

Il convient par ailleurs de tenir compte de la structure des dépenses de retraite entre public et privé. En effet, si les dépenses publiques représentent la quasi-totalité des pensions versées en France et dans une moindre mesure en Allemagne, en Belgique, en Espagne et en Italie, les fonds de retraite privés sont beaucoup plus développés aux Etats-Unis, au Royaume-Uni ou au Canada où les dépenses privées pèsent environ la moitié des dépenses globales de retraite (entre 5 et 6% du PIB).

Faiblesse du taux d'emploi et âge légal de départ plus précoce

Eurostat mesure également le poids des pensions de retraite dans le PIB des pays membres de l'UE. Son champ d'analyse est un peu plus large que celui du COR puisqu'il tient non seulement compte des pensions de base, de réversion, d'invalidité, de préretraite pour cause de réduction de la capacité de travail, mais aussi des préretraites pour motifs économiques.

Malgré une méthodologie différente, les conclusions sont globalement les mêmes que celles avancées par le COR. En 2020, la France s'est classée troisième des pays européens avec des dépenses de retraite représentant 15,9% du PIB, derrière l'Italie (17,6%) et la Grèce (17,8%). La moyenne de l'UE s'établissait quant à elle à 13,6%. Notons toutefois que ces proportions ont été gonflées par l'impact de la crise sanitaire cette année-là.

Covid ou non, le spécialiste des finances publiques et fondateur du site Fipéco François Ecalle explique que "le poids des retraites publiques en pourcentage du PIB en France s’explique surtout par la faiblesse du taux d’emploi des personnes de 20 à 64 ans et par l’importance du taux de retraités dans la population de plus de 65 ans, ce qui traduit surtout un âge de départ en retraite plus précoce que dans les autres pays en raison des paramètres spécifiques du système de retraite français".

Pas de dérapage des dépenses à long terme

Entre 2002 et 2021, la part des dépenses de retraite dans le PIB a progressé de 2,1 points en France, d'après le COR. "Après avoir atteint un point haut en 2014, la part des dépenses de retraite dans le PIB s’est ensuite réduite régulièrement de 2014 à 2019 (-0,5 point de PIB), en raison de la reprise de l’activité et des mesures prises sur les retraites. Depuis deux ans, elle est fortement chahutée par la crise sanitaire et ses effets sur le PIB: elle a ainsi progressé de 1,1 point entre 2019 et 2020 avant de redescendre de 0,9 point en 2021 en lien avec la forte reprise de l’activité", détaillent les experts du Conseil d'orientation des retraites.

Pour autant, les dépenses de retraite en pourcentage du PIB ne devraient pas exploser dans les prochaines années. "Les dépenses de retraite ne dérapent pas" à horizon 2070, "elles sont relativement maîtrisées", a indiqué fin janvier le président du COR, Pierre-Louis Bras.

"Dans la plupart des hypothèses, elles diminuent plutôt à terme", a-t-il ajouté.

Elles devraient en effet s'établir entre 12,1 et 14,7% du PIB en 2070, selon les scénarios retenus par le COR.

https://twitter.com/paul_louis_ Paul Louis Journaliste BFM Eco