Énergie: après une matinée de grève, le projet de révision de la grille des salaires est suspendu

Des salariés du secteur de l'énergie se sont mis en grève jeudi à l'appel de la CGT, notamment dans plusieurs centrales nucléaires, contre un projet de réforme de la grille des salaires de la branche, finalement suspendu sous la pression des syndicats, a-t-on appris de sources concordantes.
Le projet "est suspendu jusqu'à nouvel ordre", a indiqué à l'AFP Thomas Plancot, secrétaire syndical central CGT à EDF, ce qu'ont confirmé la CFE-CGC, également opposée au projet en l'état, et une source patronale.
"Il y a un moratoire jusqu'à début 2025", a déclaré le secrétariat général des employeurs, évoquant la "nécessité de travaux complémentaires", sans davantage de précisions.
Ce mouvement social a occasionné dans la matinée des baisses de charge (puissance disponible) dans trois centrales nucléaires, à Saint-Alban (Isère), Flamanville (Manche) et Belleville (Cher), équivalentes à quelque 2.300 MW, soit la puissance de deux gros réacteurs nucléaires, selon le site internet d'EDF.
Ces actions, qui visent à faire pression sur une séance de négociations prévue dans la matinée, pénalisent financièrement EDF mais n'ont pas d'incidence pour les clients de l'énergéticien, selon la CGT. Des filtrages ont également été organisés aux abords de certaines centrales nucléaires, selon le syndicat, qui a également évoqué des actions chez Enedis et GRDF, gestionnaires de la distribution de l'électricité et du gaz naturel, pour EDF et Engie.
La CGT déplore une "individualisation des salaires"
Premier syndicat de la branche et le seul à avoir appelé à faire grève, la CGT dénonçait une réduction des possibilités d'augmentation des salariés par leur hiérarchie (mesures individuelles).
Actuellement, les salariés peuvent être augmentés par tranche de 2,3% en moyenne, un seuil minimum que le patronat de l'énergie souhaite réduire à 1,5%, selon les syndicats, avec la possibilité de compléter ensuite cette augmentation de manière beaucoup plus fine qu'aujourd'hui, de 0,1% en 0,1% et donc de manière plus personnalisée.
"On se retrouve avec une direction qui en pleine période de tension sociale, arrive pour démonter notre grille salariale au niveau de la branche", a dénoncé José Fernandes, délégué syndical central CGT d'EDF et élu à la CGT Energie. Il a déploré une "individualisation des salaires".
Les autres syndicats pas prêts à signer l'accord
S'ils n'ont pas appelé à faire grève, les autres syndicats de la branche n'entendent pas forcément signer l'accord en l'état. C'est notamment le cas de la CFE-CGC, deuxième syndicat de la branche et premier syndicat d'EDF.
Elle n'est ainsi "pas d'accord" avec le niveau minimum d'augmentation proposé à ce stade par le patronat, considérant qu'il doit être "plus proche des niveaux minimum d'augmentation aujourd'hui prévus" et réclamant un minima à 2%, selon Laurent Koessler, mandaté pour négocier par le syndicat des cadres.
Il relève néanmoins des propositions "intéressantes" dans ce projet de "modernisation" de la grille, qui prévoit notamment "des échelons d'ancienneté supplémentaires", ainsi qu'une "revalorisation des primes d'astreinte (+9%)".
La CGT dénonce par ailleurs des premiers niveaux de rémunération de la branche "en-dessous du Smic" et appelle à "tirer vers le haut" cette grille des salaires.