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Cantine à 1 euro et petit-déjeuner gratuit: les collectivités locales en première ligne

L'État aidera financièrement les écoles des quartiers les plus défavorisés à proposer des petits-déjeuners.

L'État aidera financièrement les écoles des quartiers les plus défavorisés à proposer des petits-déjeuners. - Ludovic MARIN-POOL-AFP

Le chef de l'État a souhaité un "accès universel" à la cantine "en développant les repas à un euro" dans les communes rurales et les quartiers défavorisés. Il prône aussi des petits-déjeuners gratuits dans les établissements classés REP+. Les villes, gestionnaires des cantines à l'école primaire, sont en première ligne.

"L'alimentation est un droit fondamental des enfants", a déclaré Emmanuel Macron lors de la présentation du plan de lutte contre la pauvreté. "L'accès à la cantine sera rendu plus universel en développant les repas à un euro pour les personnes les plus pauvres" a affirmé le président de la République, en ajoutant, "de nombreux maires ont déjà pris des initiatives fortes en la matière que je salue".

Le chef de l'État fait une allusion directe aux choix de plusieurs municipalités comme à Montereau (Seine-et-Marne). Cette ville moyenne (20.000 habitants) de la grande couronne parisienne applique depuis septembre 2015, le prix des repas de la cantine scolaire plafonné à 1 euro pour les élèves des maternelles et des élémentaires résidant sur la commune et quelque soit le revenu des parents. Pour autant, les familles dans cette ville continuent de bénéficier des tarifs du quotient familial pour les tarifs inférieurs à 1 euro. D'autres communes (souvent de taille importante) pratiquent déjà des tarifs sociaux dont les premiers barèmes sont égaux ou inférieurs à 1 euro par repas à la cantine, pour les parents aux revenus les plus bas.

Une incitation financière pour les communes les plus pauvres

Mais le problème vient du fait que, pour la restauration scolaire, les tarifs sociaux de cantines, avec des prix modulés selon les revenus des parents, sont beaucoup moins fréquents en milieu rural où les communes, plus petites, ont des moyens financiers bien inférieurs à ceux des grandes villes. Le souhait d'Emmanuel Macron de généraliser le déjeuner à la cantine à 1 euro le repas, suppose que l'État s’engage à compenser le manque à gagner, pour les communes les moins riches. "Une incitation financière sera mise en place en direction des communes les plus pauvres et n'ayant pas développé de tarification sociale dans les cantines". Cette incitation concernera les communes les plus fragiles de moins de 10.000 habitants pour qu'elles appliquent une tarification sociale de la restauration scolaire avec un plafond du barème le plus bas à 1 euros le repas.

Petits-déjeuners gratuits dans les écoles en zone REP+

Le chef de l'État souhaite aussi que des petits-déjeuners gratuits soient distribués dans les établissements classés en zone REP+, situés dans les villes ou les quartiers défavorisés, afin que "tous les élèves démarrent la journée dans de bonnes conditions".

"Les enseignants, les parents d’élèves auront toute liberté pour offrir ce petit déjeuner une ou plusieurs fois par semaine, ou installer un espace dédié dans un coin de préau, à des horaires adaptés, pour répondre aux besoins", explique au Monde, Olivier Noblecourt, délégué interministériel à la prévention et à la lutte contre la pauvreté des enfants et des jeunes.

120 députés LREM veulent une politique plus ambitieuse

Réagissant à la présentation d'Emmanuel Macron, plus de 120 députés La République en Marche souhaitent "une politique plus ambitieuse" pour permettre l'accès des plus défavorisés aux cantines scolaires et demandent aux collectivités de s'engager davantage, après les annonces jeudi d'Emmanuel Macron sur le sujet. Le dispositif annoncé est "un marqueur important qui doit inciter les collectivités locales à s'engager davantage dans la lutte contre la pauvreté", écrivent les signataires conduits par Gaël Le Bohec (Ille-et-Vilaine) dans une tribune transmise à la presse. "Ce doit être le premier pas vers une politique plus ambitieuse", poursuivent les parlementaires, dont le rapporteur général du Budget Joël Giraud et la présidente de la commission des Affaires sociales, Brigitte Bourguignon.

Tout en se félicitant des mesures annoncées par le chef de l'État, ils rappellent avoir été 127 à cosigner en février 2018 une proposition de loi pour accorder la gratuité des cantines aux familles les plus modestes. Permettre aux enfants de fréquenter la cantine offre une réponse pragmatique à trois enjeux, d'éducation, de santé publique et d'inclusion sociale, soulignent-ils.

Ils entendent rester "vigilants à ce que le dispositif prévu par l'exécutif puisse, à terme, être étendu à l'ensemble des élèves, quel que soit leur lieu de résidence", et à ce qu'il "englobe à l'avenir les cantines des collèges et des lycées".

Frédéric Bergé