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Belfort: syndicats et élus manifestent contre le "rouleau compresseur" de General Electric

Manifestation du 22 juin à Belfort

Manifestation du 22 juin à Belfort - BASTIEN BOZON / AFP

Une grande manifestation contre le plan social de General Electric en France, qui prévoit la suppression d'un millier d'emplois, a eu lieu cet après-midi à Belfort. Certains élus de l'opposition étaient présents, d'autres n'étaient pas les bienvenus.

Syndicats et élus ont appelé samedi à faire reculer "le rouleau compresseur" mis en marche par General Electric, qui a annoncé la suppression de 1.050 emplois en France. L'intersyndicale CFE-CGC, Sud et CGT, organisatrice de la manifestation qui s'est élancée en début d'après-midi, disait attendre plusieurs milliers de personnes.

Et selon la préfécture, ce sont 5.000 personnes qui se sont rassemblées vers 14h30. On y a vu à la fois les écharpes tricolores de nombreux élus, des gilets jaunes, comme des drapeaux de la CGT, du NPA ou du Parti communiste.

"C'est tout un territoire qui va rentrer en lutte pour dire non à un plan social qui n'a ni queue ni tête !", avait lancé Philippe Petitcolin, délégué CFE-CGC, au cours d'une conférence de presse à la mairie de Belfort en amont de la manifestation. "L'objectif, c'est que le combat prenne une dimension nationale", avait-t-il ajouté. Il a été entendu sur ce point avec notamment la présence de trois candidats à l'élection présidentielle de 2017 : Jean-Luc Mélenchon, Philippe Poutou ou Nathalie Arthaud.

De nombreux politiques présents

Appelant à "faire reculer le rouleau compresseur mis en marche par General Electric", le délégué CFE-CGC avait estimé que "le seul qui peut le faire, c'est Emmanuel Macron, qui doit interpeller les dirigeants de General Electric". Philippe Peticolin a continué à donner de la voix lors de la manifestation, lançant un "L'important, c'est de mettre fin au massacre de GE !" à la foule qui scandait "Belfort debout, soulève-toi !"

"Il est question de science, de technique et de patrie", pas seulement d'emplois, a déclaré le chef de file de La France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon, disant "ressentir comme une blessure l'idée qu'on puisse abandonner de tels outils, de tels collectifs humains". Jean-Luc Mélenchon a ensuite enfilé un gilet jaune lors de la manifestation, comme pour rappeler son attachement au mouvement et à la mobilisation collective.

L'ancien candidat à l'élection présidentielle a également dénoncé un "pacte de corruption", à l'instar du député LR Olivier Marlaix qui avait saisi en janvier la justice pour qu'elle enquête sur les circonstances de la vente du pôle énergie d'Alstom à GE

Une large mobilisation

Les protestataires étaient nombreux à être venus en famille, tandis que certains commerces avaient baissé leurs rideaux par solidarité. Une immense banderole "Soutien aux salariés de General Electric" s'étalait aussi aux pieds du lion en grès rose de Belfort, sculpté par Bartholdi, aussi indissociable de la cité franc-comtoise que son industrie.

"C'est aberrant comment une boîte qui fait des bénéfices peut supprimer tellement d'emplois !", s'insurgeait Christophe, un salarié de GE venu manifester avec sa femme et son fils et selon qui il faut "montrer qu'on est unis parce qu'ils passent en force!".

Tensions entre deux élus RN et les syndicats avant la manifestation

Plus tôt dans la journée, des tensions ont eu lieu à l'entrée de la mairie avant la conférence de presse, entre deux élus du Rassemblement national (RN) au conseil régional qui souhaitaient y entrer et le service d'ordre de l'intersyndicale qui les en a empêchés. Une dizaine de policiers a dû s'interposer.

Par la voix de Francis Fontana, délégué Sud Industrie, l'intersyndicale a souligné ne "pas partager les valeurs du RN", tandis que les deux élus, Julien Odoul et Jacques Ricciardetti, ont accusé les syndicats de "discréditer leur combat".

Un millier de suppressions d'emplois en prévision

Les salariés de General Electric ont empêché par deux fois cette semaine la tenue de la première réunion d'information sur le plan social, annoncé fin mai par le groupe américain, qui prévoit plus d'un millier de suppressions de postes en France, essentiellement à Belfort.

Toutefois, en dépit du blocage, "la procédure information-consultation", qui lance le plan social, "a officiellement commencé" vendredi, avait indiqué vendredi à l'AFP une source proche du dossier. Annoncé le 28 mai par GE, le plan social envisage la suppression de 1.050 emplois en France, dont près de 800 dans l'entité belfortaine produisant des turbines à gaz et qui emploie 1.900 personnes. Au total, GE emploie 4.300 salariés à Belfort.

Hugo Baudino avec AFP