"S'il y a des baisses d'impôts, elles doivent être compensées", affirme Pierre Moscovici

Pierre Moscovici mise sur son nouveau statut de ministre de l'Economie pour être réélu dans la 4e circonscription du Doubs, sur une terre ouvrière que le chômage et les restructurations industrielles poussent vers le Front national. /Photo prise le 17 mai - -
La France n'a pas de "marge de manoeuvre" pour baisser les impôts sans compensation. C'est le message qu'a fait passer, lundi, le premier président de la Cour des Comptes Pierre Moscovici devant l'Association des journalistes économiques et financiers (Ajef). Une déclaration qui intervient à quelques jours de la présentation par le gouvernement de son projet de budget pour 2023.
"Si on veut baisser les impôts, je ne suis pas contre", a fait valoir Pierre Moscovici lundi. Mais "il faut, à due proportion, soit en augmenter d'autres soit limiter les dépenses" publiques, a-t-il aussitôt complété.
"S'il y a des baisses d'impôts, elles doivent être compensées" car "si on ne les compense pas, c'est plus de déficit, donc plus de dette, ce sont des impôts différés", a encore détaillé le patron de la Cour des comptes.
"La stabilité fiscale est souhaitable"
"Je pense qu'on n'est pas loin d'un seuil, d'un niveau où le consentement à l'impôt est en doute", a ajouté l'ancien ministre des Finances, qui avait théorisé le "ras-le-bol fiscal" des Français lorsqu'il était à Bercy.
Dans ce contexte, avec la remontée des taux d'intérêt sur la dette du pays, "nous n'avons pas de marge de manoeuvre pour des baisses d'impôts sèches", a martelé Pierre Moscovici, avant de poursuivre: "la stabilité fiscale est souhaitable".
Le gouvernement a déjà annoncé qu'il comptait inclure dans le projet de budget 2023 la suppression de la Cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE), un impôt de production qui génère annuellement 7 à 8 milliards de recettes fiscales. Durant la campagne présidentielle, le candidat Emmanuel Macron avait par ailleurs évoqué une baisse de la fiscalité sur les successions, dont le calendrier n'est cependant pas encore connu.