Quel est le bilan économique du président Chirac?

Jacques Chirac au Salon de l'agriculture, le 26 février 2008 - PATRICK KOVARIK / AFP
"Pour réussir la mondialisation au bénéfice de tous (...) il faut mettre l'économie au service de l'Homme et non l'Homme au service de l'économie". Jacques Chirac, mort ce jeudi 26 septembre à l'âge de 86 ans, était incontestablement l’homme des grandes phrases. Mais le bilan économique et social de ses douze années passées à la tête de l’État reste relativement mitigé.
La période reste, d’abord, marquée par deux conflits sociaux majeurs. En 1995, le plan Juppé pour réformer les régimes spéciaux de retraite entraîne un mouvement de grève qui paralyse la France durant deux mois. Jusqu’à deux millions de personnes descendent dans la rue, ce qui pousse l’exécutif, en place depuis quelques mois seulement, à abandonner l’essentiel de la réforme.
Le traumatisme de 1986
Une décision motivée, peut-être, par une première expérience douloureuse datant de 1986. Alors Premier ministre de François Mitterrand, Jacques Chirac défend la réforme Devaquet visant à réformer l’université. Des milliers d’étudiants descendent alors dans la rue, réprimés par un gouvernement qui n’entend rien lâcher. La mort de Malik Oussekine, un étudiant de 22 ans, en marge des manifestations, sonnera le glas de ses ambitions réformatrices. Et marquera profondément Jacques Chirac, qui se fera élire en promettant de réduire la fracture sociale. 20 ans plus tard, confronté à la mobilisation contre le Contrat première embauche (CPE), il optera à nouveau pour le recul.
Baisse du chômage...pendant la cohabitation
Sur le front du chômage et des finances publiques, là encore, le bilan de Jacques Chirac est contrasté. Lorsqu'il arrive au pouvoir en mai 1995, le taux de chômage est proche des 10% (9,7% selon l'Insee). Entre 1995 et 1997, il grimpera jusqu’à 10,2%.
C'est en fait durant la cohabitation avec le socialiste Lionel Jospin que le nombre de demandeurs d’emploi va baisser. Si bien qu'en mai 2002, lors de la réélection du président sortant, le taux de chômage pointe à 7,5%. Mais il va ensuite légèrement remonter, jusqu'à atteindre 8,6% en juin 2006. La fin du deuxième mandat de Jacques Chirac s'achèvera néanmoins par une petite éclaircie, le taux de chômage n'atteignant plus que 7,8% au deuxième trimestre 2007. Une baisse en partie due à la relance des contrats aidés, approche étatiste avec laquelle Dominique de Villepin avait renoué en 2005.
Maîtrise de la dépense publique
En ce qui concerne la dépense publique, deux phases peuvent être identifiées –en fait liées à la conjoncture. Entre 1995 et 2001, le déficit a ainsi chuté, passant de 5,1% à 1,4%. Mais l'éclatement de la bulle internet touche également la France, qui, après 2001, n'arrivera plus à franchir la barre des 3% de croissance. Le déficit, à l'inverse, remonte au-dessus du fameux seuil des 3% imposé par les critères de Maastricht entre 2002 et 2005.
Puis fin 2004, Jacques Chirac et le chancelier allemand Gerhard Schröder négocient avec la Commission européenne pour pouvoir maîtriser les dépenses publiques sans casser la croissance. Ils obtiendront gain de cause. Finalement, le déficit rentrera dans les clous de Maastricht avec 2,3% en 2006 et 2,5% en 2007.
chirac, indirectement à l'origine des 35 heures
Malheureusement pour son camp, Jacques Chirac restera également comme le seul président ayant fait perdre son camp après avoir dissous l’Assemblée nationale. Cette décision, prise en 1997, lui vaudra cinq années de cohabitation, avec notamment la mise en œuvre, par la gauche plurielle, de la réforme des 35 heures, très décriée par la droite.