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Pouvoir d'achat: Thierry Marx pointe une "théorie du low-cost qui a beaucoup abîmé la France"

Alors que d'importantes hausses de salaires ont été récemment consenties pour palier les tensions de recrutement dans le secteur de l'hôtellerie-restauration, le président confédéral de l'UMIH estime qu'il n'est pas souhaitable de tirer les prix vers le bas en réponse à l'inflation.

Les difficultés s'accumulent pour l'hôtellerie-restauration. Déjà victime de grosses tensions de recrutement, le secteur est également frappé par l'inflation. Invité ce matin sur le plateau de BFM Business, Thierry Marx admet qu'il est "très difficile" de faire accepter aux Français de payer un produit plus cher: "C'est vraiment une pédagogie qu'il faut entretenir. C'est un peu la stratégie du sachet de thé: vous diffusez dans une tasse d'eau et vous retirez quand ça risque de devenir amer."

"A un moment, c’est quoi un bon prix? Le prix n’étant pas la valeur des choses, c’est là qu’il faut reformater les choses. Mais en faisant de cette théorie du low-cost une théorie du pouvoir d’achat, ce n’est pas une bonne chose pour le monde de l’entreprise."

Le président confédéral de l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (UMIH) dénonce notamment une "théorie du low-cost, du tout pas cher qui a beaucoup abîmé la France". "On demandait au consommateur de renoncer à la qualité en échange de quoi on lui faisait des petits prix, explique-t-il. Finalement, ça a oxydé notre agriculture, notre artisanat et ça a quasiment fait disparaître notre industrie."

Un résultat d'exploitation d'à peine 4%

Accepter une baisse des prix semble d'autant plus difficile à envisager pour les chefs d'entreprise du secteur que ces derniers ont consenti des hausses de salaires de 16% en moyenne pour renforcer l'attractivité des postes vacants, "un gros geste", souligne Thierry Marx.

"On aimerait faire mieux mais aujourd’hui, les résultats de l’entreprise ne le permettent pas. On a hélas beaucoup d’entreprises qui sont en fragilité. Cette inflation va peser sur nos salariés mais on fera le maximum et s’il y a une bonne saison, nous repartagerons cette valeur."

Le président confédéral de l'UMIH appelle même à relativiser la bonne année 2022 enregistrée par le secteur. "On peut applaudir l’attractivité de notre tourisme pour manger au restaurant, aller à l’hôtel, venir séjourner en France, indique-t-il. Par contre le résultat d’exploitation n’est pas là. Le coût des matières premières a largement augmenté, celui de l’emploi aussi et celui de l’énergie également donc vous avez un résultat d’exploitation qui est en-deçà de ce qu’on devrait avoir."

Selon le chef étoilé, ce résultat "frise aujourd"hui les 4% après toutes taxes payées, voire beaucoup moins pour des entreprises qui ont été très touchées par la hausse de l'énergie."

Timothée Talbi