Pourquoi l’absentéisme a atteint des niveaux records en 2022

Les chiffres sont sans appel. Selon le dernier baromètre de l’absentéisme Ayming AG2R La Mondiale, un salarié sur deux (47%) a été absent au moins une fois entre le 1er janvier et le 31 décembre 2022. En 2019, avant le Covid, ils n’étaient que 35%. Et sur les trois années où cette pandémie a bousculé la marche normale de l’économie, 2022 apparaît clairement comme le millésime le plus touché par cette envolée de l’absentéisme.
Car ce record est avant tout lié à la multiplication des arrêts maladie de personnes testées positives. Plusieurs chiffres le montrent. D’abord, quand on regarde l’évolution des absences selon leur durée, on note que c’est celles qui vont de quatre à sept jours qui ont le plus progressé. La part des salariés absents au-delà de trois jours mais pas plus d'une semaine se limitait à 12% en 2019. Elle est passée à 24% en 2022. Or cette durée correspond aux obligations faites aux salariés de rester à l’écart de leurs collègues et à l’octroi automatique d’arrêt maladie, l’an passé, en cas de test positif.
1 salarié absent sur 2 en 2022 explique l'avoir été pour cause de Covid
Par ailleurs, quand on demande aux salariés la raison de leur absence, près de la moitié (48%) répondent: "le covid". Ces chiffres sont par ailleurs en phase avec les décomptes de l’assurance-maladie qui a observé sur l’année 2022 son plus haut niveau de prise en charge d’indemnités journalières "dérogatoires", comme on peut le constater sur ce graphique figurant dans un rapport publié en juillet dernier.

Cette envolée est logique, la sécurité sociale ayant, pour les cas avérés de covid, supprimé le délai de carence de trois jours prévalant normalement dans le privé. Clairement la contagiosité du variant omicron a donc accru l’absentéisme. Avec des conséquences pour les entreprises. Plus d’absents qu’en temps normal cela se traduit par davantage de problèmes d’organisation et une productivité qui flanche. Avec de surcroît, une charge de travail plus importante pour les salariés présents.
Si on prend l’exemple d’une entreprise, ou d’un service, de 100 personnes, le niveau record de 2022 équivaut à sept salariés à plein temps absents toute l’année. Avec cette nuance d’importance: les absences ne dépassant pas la semaine étant majoritaires, les remplacements ne sont pas la règle dans la plupart des entreprises.
Pour autant, la hausse de l’absentéisme n’est pas uniquement imputable à la pandémie. Le montant des indemnités versées par l’assurance maladie en dehors des cas de covid a en effet fortement progressé par rapport à 2019. D’un peu moins de 8 milliards d’euros, ils sont passé à 9,23 milliards d’euros en 2020 et ont culminé l’an passé à 9,74 milliards d’euros. D’où la pression mise par l’exécutif sur les médecins et ces pistes évoquées pour modifier les règles de prise en charge financière par les entreprises de leurs salariés absents.
