Plafonnement, dégressivité… Le gouvernement veut rogner sur l'indemnisation chômage des hauts revenus

Plus vous gagnez votre vie, moins vous serez couvert par le chômage? C'est en tout cas ce qui transparait dans la lettre de cadrage adressée ce week-end par François Bayrou aux partenaires sociaux, en vue d'ouvrir un nouveau cycle de négociations sur la convention d'assurance chômage.
Parmi les pistes à remettre sur la table, ce document, consulté par BFM Business, invite les syndicats à examiner "l'opportunité d'adapter les différences d'incitation de retour à l'emploi selon le niveau de rémunération et le montant d'allocation afin de tenir compte des capacités effectives à retrouver un emploi".
Ainsi, "les paramètres d'indemnisation (montant et durée par exemple) pourraient être mieux adaptés au niveau de revenu préalable à la perte d'emploi", peut-on lire.
Le chef du gouvernement reste toutefois évasif et se garde bien de préciser davantage sa réflexion. Aucun exemple chiffré n'est détaillé dans la lettre envoyée aux partenaires sociaux. Peut-être pour ne pas davantage les froisser, les syndicats étant bien remontés et ayant prévu de se réunir le 1er septembre pour décider de s'ils se lancent, ou pas, dans un nouveau cycle de négociations sur l'assurance chômage.
Une dégressivité de l'allocation existe déjà pour les salaires au-delà de 4.900 euros
Pour rappel, depuis la grande réforme de l'assurance chômage de 2019, les demandeurs d'emploi de moins de 55 ans dont l'allocation excède 92,57 euros par jour (soit environ 4.940 euros de salaire brut mensuel) subissent une degressivité de leur indemnisation à partir du septième mois de versement.
Contacté par BFM Business au sujet de cette mesure sur laquelle les partenaires sociaux devont discuter (s'ils acceptent de se prêter à nouveau au jeu des négociations), le ministère du Travail n'a pas souhaité donner de précisions. Mais une source proche du dossier confirme que l'idée d'une dégressivité des allocations est privilégiée. Les syndicats, eux, ont leur avis sur la question.
"Je crains un plafonnement de l'indemnisation", confie à BFM Business François Hommeril, président de la CFE-CGC.
De son côté, le président de la CFTC Cyril Chabanier redoute plutôt la création "d'une nouvelle strate de dégressivité". Par exemple, le gouvernement pourrait pousser pour qu'une dégressivité, peut-être moins brutale, s'applique aux allocataires dont les revenus avant perte de l'emploi se situent entre 3.500 et 4.900 euros bruts mensuels.
À mon sens, c’est en effet un nouvel étage de dégressivité et 'en même temps' une nouvelle modification des conditions d’affiliation et de durée d’indemnisation. Quoi qu’il en soit, les propos sont posés pour modifier plusieurs critères", estime de son côté Vanessa Jereb, secrétaire générale adjointe de l'Unsa.