Nice: la responsable d'un bureau de coaching jugée pour avoir critiqué Pôle Emploi

Pôle emploi - Pôle emploi - PASCAL GUYOT - AFP
La responsable d'un bureau de coaching parisien, poursuivie en diffamation, a dû s'expliquer ce jeudi devant le tribunal correctionnel de Nice face à Pôle Emploi, pour un tract suggérant que l'établissement public manquait d'efficacité pour aider les demandeurs d'emploi.
Plaidant la bonne foi malgré les remontrances du tribunal qui a trouvé "pas très sage de (sa) part" d'avoir médiatisé l'affaire après sa mise en examen, Karine Vasseur, 52 ans, a nié toute intention de nuire aux agents de Pôle Emploi ou de les dénigrer. "Je connais la difficulté de (leur) mission", a-t-elle assuré à la barre, expliquant qu'elle "cherchait simplement à entrer en contact avec des gens qui ont besoin d'une aide complémentaire".
Le jugement du tribunal sera rendu le 5 juin. Le parquet s'en est remis au tribunal, sans requérir de peine. Multi-diplômée, passée par l'étranger, notamment les États-Unis, avant d'ouvrir en 2014 à Paris son enseigne qui accompagne une centaine de personnes par an, Karine Vasseur risque 45.000 euros d'amende pour avoir validé un tract distribué à Nice en septembre 2016 en vue d'y ouvrir une succursale. "Pôle Emploi ne vous aide pas? Confiez votre recherche à un spécialiste", disait ce tract, qui avait rendu furieux les agents de Pôle Emploi.
"Réaction outrancière"
"C'est presque insultant et hypocrite car je suis persuadée que Mme Vasseur utilise des offres d'emploi mises en ligne par Pôle Emploi", a fustigé l'avocate de l'établissement public Marina Collin, balayant les preuves apportées pour démontrer l'inaction et les défaillances supposées de son client: taux de satisfaction de 65%, rapport critique de la Cour de la Compte, blogs, livres, articles, etc.
"Je vous demande de vous mettre à la place de l'agent (...) qui trouve ce document sur les pare-brise des véhicules garés aux abords de leur agence", a-t-elle plaidé, en réclamant un euro symbolique de dommages et intérêts et le remboursement des frais de justice.
"Pôle Emploi a dès le départ pris une mauvaise position dans ce dossier en pensant qu'en France, on ne peut pas être critiqué (...) C'est un peu comme si une infirmière, en sortant de l'hôpital public, se sentait lésée par une publicité pour un médicament", a rétorqué Catherine Taylor Salusse, l'avocate de Karine Vasseur. Elle a rappelé que la diffusion du tract avait cessé au bout d'une demi-journée dès l'intervention du directeur d'agence et déploré la "réaction outrancière" de Pôle Emploi qui en fait "une lutte d'ego entre une institution et une toute petite SARL".