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Pourquoi la demande mondiale de charbon va se maintenir d'ici à 2024

Le charbon reste la première source pour la génération d'électricité  et compte pour plus de 40% des émissions de CO2 liées à l'énergie.

Le charbon reste la première source pour la génération d'électricité et compte pour plus de 40% des émissions de CO2 liées à l'énergie. - Greg Baker-AFP

La demande de charbon ne faiblira pas ces prochaines années. Au contraire, elle sera alimentée par la bonne tenue de son usage en Asie (Chine, Inde, Indonésie, Vietnam), met en garde l'Agence internationale de l'énergie (AIE), en dépit de la menace de crise climatique.

L'usage du charbon comme source d'énergie n'est pas près de décliner dans le monde. Loin de faiblir, sa demande mondiale, qui doit ponctuellement diminuer en 2019, va rester globalement stable au cours des cinq prochaines années. D'ici 2024, elle sera alimentée par les marchés asiatiques, selon les prévisions de l'Agence internationale de l'énergie (AIE) concernant la demande mondiale de charbon.

Le rapport Coal 2019 souligne que si la Chine reste le plus gros producteur et consommateur au monde de charbon pour ses industries ou sa production d'électricité (cf infographie ci-dessous), les pays d'Asie du Sud et du Sud-Est à forte croissance économique -comme l'Inde, l'Indonésie et le Vietnam- dépendent aussi du charbon pour alimenter leur croissance économique.

"Au Pakistan, le pays a mis en service 5 gigawatts (GW) de capacité de production d'électricité au charbon depuis 2017, et 5 GW supplémentaires devraient être mis en service au cours des prochaines années. Au Bangladesh, où le gaz naturel a longtemps généré la majeure partie de l'approvisionnement en électricité, le charbon gagnera des parts dans les années à venir, avec 10 GW de capacité en préparation" constate l'AIE.

La production d'électricité au charbon: 80% en Asie

Témoin de cette dépendance: la part du continent asiatique dans la production mondiale d’électricité au charbon est passée d’un peu plus de 20% en 1990 à près de 80% en 2019, "ce qui signifie que le sort du charbon est de plus en plus lié aux décisions prises dans les capitales asiatiques" souligne le rapport. De plus, "les centrales électriques au charbon en Asie sont jeunes - 12 ans en moyenne - ce qui fait qu'elles pourraient encore fonctionner pendant des décennies", souligne le directeur exécutif de l'AIE, Fatih Birol.

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- © Source: Agence Internationale de l'énergie

Gros émetteur de gaz à effets de serre mais aussi source de pollution de l'air, cette énergie fossile est pourtant sous pression dans les pays développés en raison de la crise climatique. Elle se trouve par ailleurs concurrencée dans la production d'électricité par le gaz et les renouvelables, aux coûts déclinants.

Ainsi, en Europe et aux États-Unis, la production d'électricité au charbon s'enfonce à des niveaux jamais vus depuis des décennies, selon l'AIE. En cause, la croissance de l'énergie solaire photovoltaïque et éolienne, les bas prix du gaz naturel et la stagnation de la demande d'électricité qui ont fait chuter la consommation de charbon, alors que l'arrêt des centrales au charbon y est programmé comme en France (d'ici 2022 ou 2023) ou en Allemagne (d'ici 2035 ou 2038).

Le charbon reste la première source pour la génération d'électricité - et compte pour plus de 40% des émissions de CO2 liées à l'énergie. Il est par ailleurs encore largement utilisé pour la production d'acier et de ciment

Frédéric Bergé