Margrethe Vestager : « L’Europe doit être plus stricte, plus dure »
Margrethe Vestager sera-t-elle la première femme à la tête de la Commission européenne ? Elle fait, en tout cas, partie des têtes de liste pour ce poste. La redoutable commissaire à la concurrence est certainement la plus connue des candidat(e)s à ce poste pour remplacer Jean-Claude Juncker.
Interrogée par Hedwige Chevrillon, pour 12H, l’Heure H, cette Danoise de 51 ans est aussi la favorite d’Emmanuel Macron. Pas question, donc, de faire trop de vagues. Clairement, Margrethe Vestager s’inscrit davantage dans la continuité et surtout, dans le consensus.
Faut-il opposer les réformistes et les populistes ? « On pourrait avoir de meilleures discussions si on retirait toutes ces étiquettes » tranche-t-elle.
Faut-il réformer en profondeur les institutions européennes ? « Oublions ça ! Je n’ai jamais rencontré un électeur qui demandait à ce qu’on apporte des changements aux traités ou que l’on mette en place de nouveaux processus intentionnels » balaye-t-elle. « Il ne faut pas tout changer. Parce que chaque génération s’appuie sur la génération précédente. Mais il y a un certain nombre de chose que l’on pourrait améliorer » explique-t-il, citant par exemple la parité au sein de la Commission « qui pourrait être un moteur de changement. »
Et de souligner : « Les démocraties doivent fonctionner (…) Par exemple, nous avons tous signé l’Accord de Paris (sur le climat, ndlr). Comment le mettre en œuvre me semble infiniment plus intéressant que toutes ces questions de relations interinstitutionnelles. »
« Soutenir nos entreprises hors de l’Europe »
La commissaire est plus à l’aise sur son domaine de compétence, la concurrence. Réputée pour s’être attaquée aux géants de la tech (Google, Apple…), elle estime que « l’Europe doit être plus confiante et plus stricte, plus dure, pour retrouver une position forte dans le monde. »
Mais Margrethe Vestager est aussi accusée d’empêcher l’émergence de géants européens. C’est elle qui s’est ainsi opposée à la fusion entre Siemens et Alstom, au grand dam de Paris. « Dès le début de mon mandat, j’ai annoncé qu’il n’y aurait pas de compromis politique dans mes décisions. Il fallait que la même loi s’applique à tous. Pour moi, il s’agissait de faire mon travail et de prendre la bonne décision » assure-t-elle.
Pas question donc de bouger sur sa ligne. « Cette politique de la concurrence [en Europe] encourage l’innovation » affirme-t-elle. « Mais notre politique commerciale devrait, bien sûr, soutenir les opportunités commerciales dans le reste du monde. Si nous demandons une concurrence équitable en Europe, il faut aussi que nous soyons prêts à soutenir nos entreprises hors de l’Europe parce que le marché mondial n’est pas un marché équitable. »