"François Bayrou ne comprend rien": les syndicats irrités par l'idée d'une négociation sur l'assurance chômage et la suppression de jours fériés

François Bayrou ravive les braises en plein mois d'août. Les syndicats sont furieux après l'envoi, ce week-end, des lettres de cadrage signées par le Premier ministre en vue d'ouvrir un nouveau cycle de négociations sur la convention d'assurance chômage et la suppression de deux jours fériés.
Le gouvernement souhaite en effet générer 2 à 2,5 milliards d'euros d'économies par an en durcissant les conditions d'indemnisation des chômeurs, jugées plus généreuses par rapport à d'autres pays européens. Il vise aussi 4,2 milliards d'euros dès 2026 en supprimant le "caractère férié" du lundi de Pâques et du 8 mai, peut-on lire dans les documents de cadrages que BFM Business s'est procuré.
Haro contre la suppression des jours fériés
C'est particulièrement le sujet des jours fériés qui crispe le plus les partenaires sociaux. "Pas de négo [possible] sur les jours fériés pour la CFTC", lâche auprès de BFM Business Cyril Chabanier, le président de cette confédération syndicale.
"Nous, on est totalement contre! Ce pauvre François Bayrou ne comprend rien à la production. Ces jours fériés n'impactent pas la production (...) c'est une mesure qui va par contre baisser le pouvoir d'achat des salariés!", s'emporte François Hommeril, président de la CFE-CGC, auprès de BFM Business.
"Typiquement, ces jours fériés sont travaillés dans plusieurs secteurs comme la sidérurgie et leur salaire est bonifié. En supprimant ces jours fériés, ces salariés perdront donc du pouvoir d'achat", développe François Hommeril. Le patron de la CFE-CGC regrette une mesure particulièrement injuste qui profiterait en partie aux employeurs: "Ces jours fériés sont valorisés 8 milliards d'euros sur l'ensemble de la masse salariale. Or le gouvernement demande au patronat de restituer 4 milliards, c'est donc de la baisse de pouvoir d'achat pour les salariés au profit des entreprises", considère-t-il.
"Il n'y a que des perdants parmi les salariés", a renchéri Denis Gravouil (CGT) sur BFMTV ce lundi 11 août, qui souligne que cela doit concerner aussi bien les travailleurs du public que du privé. "Et il est interdit de prévoir des majorations d'heures supplémentaires sur ces jours-là, donc c'est non. Et que ce soit ces deux jours-là où un autre, c'est le principe même de suppression de deux jours de repos qui est scandaleux (...) On nous demande des efforts partagés mais en fait, ils ne sont pas du tout partagés", a-t-il dénoncé.
La CFE-CGC contre une nouvelle négociation de l'assurance chômage, la CFTC hésite
S'agissant de l'assurance chômage, la CFE-CGC est aussi "totalement contre" toute nouvelle négociation de la convention.
"Sans toucher aux cotisations, ils veulent baisser les droits. Il n'y a rien à négocier", fulmine François Hommeril.
De son côté, Cyril Chabanier (CFTC) est réservé: "sur l'assurance chômage, on n'a pas pris de décision pour le moment, mais on a beaucoup de doutes", confie-t-il.
Le gouvernement entend notamment réduire la durée d'indemnisation maximale en modifiant deux paramètres clés: la durée de travail minimum effective pour ouvrir les droits au chômage et la période de référence d'affiliation. En clair, les demandeurs d'emploi devront avoir travaillé plus longtemps sur des périodes plus courtes pour être indemnisés.
Or, une nouvelle convention d'assurance chômage a été signée en novembre 2024 et est entrée en vigueur il y a six mois, pour une période de 4 ans.
Vers une mobilisation de grande ampleur en octobre?
Dans un communiqué diffusé samedi 9 août, l'intersyndicale considère que les propositions du gouvernement "affichent une volonté explicite de revenir sur 70 ans de luttes et d’acquis sociaux avec de nombreuses contrevérités".
"Le gouvernement prétend que la trajectoire budgétaire de l’assurance chômage s’est fortement dégradée depuis la loi de programmation des finances publiques pour 2023-2027. Or ces prévisions étaient fausses et même faussées comme le montraient celles de l’Unedic, de la Banque de France ou de la commission européenne", dénonce l'intersyndicale.
Composée de la CFDT, de la CGT, FO, de la CFE-CGC et de la CFTC, elle a prévu de se réunir le 1er septembre pour décider des actions à mener collectivement et notamment si elles acceptent, ou pas, de se prêter au jeu de nouvelles négociations. Selon nos informations, l'Unsa se joindra également à cette réunion.
Aussi, une mobilisation de grande ampleur pour protester contre les mesures budgétaires défendues par François Bayrou, et en particulier une énième réforme de l'assurance chômage n'est pas exclue. "Il y a de grandes chances d'avoir une journée d'action en octobre", annonce Cyril Chabanier à BFM Business. François Hommeril se dit toutefois plus réservé sur cette méthode: "on sait par expérience que la mobilisation sur le chômage, ça ne marche pas très bien par rapport aux retraites".