Retraites: les "mesures gilets jaunes" creusent le déficit de l’assurance-vieillesse

Emmanuel Macron et Jean-Paul Delevoye - AFP
Après le projet de loi de finances vendredi, le projet de budget de la Sécurité sociale sera présenté ce lundi. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les chiffres attendus sont loin d’être réjouissants. Si le gouvernement tablait initialement sur l’équilibre des comptes du régime général et du Fonds de solidarité vieillesse cette année, le déficit devrait finalement atteindre 5,4 milliards d’euros, selon Les Échos. Les prévisions pour les années à venir sont tout aussi pessimistes avec un déficit de 5,1 milliards d’euros attendu en 2020 et des comptes dans le rouge au moins jusqu’en 2023. Des chiffres confirmés par le gouvernement ce samedi.
Le quotidien économique précise que l’assurance-vieillesse devrait être particulièrement touchée. Ainsi, le régime général des salariés du privé (CNAV) et le Fonds de solidarité vieillesse devraient respectivement enregistrer un déficit de 2,1 milliards d’euros et 2,3 milliards d’euros en 2019. Soit une dégradation des comptes de la branche vieillesse de 4,4 milliards d’euros. C’est 2,8 milliards d’euros de plus que l’an passé.
Surtout, aucune amélioration nette n’est prévue à court terme puisque les comptes de la CNAV comme du Fonds de solidarité vieillesse devraient rester dans le rouge en 2020 (-2,7 milliards d’euros et -1,4 milliard).
Moins de recettes pour la Sécurité sociale
Deux raisons principales viennent expliquer le creusement du déficit: la croissance qui demeure faible mais également les mesures d’urgence économique et sociale annoncées par Emmanuel Macron pour répondre à la crise des gilets jaunes. En effet, la "prime Macron" votée en décembre (exonération totale de cotisations et d'impôts jusqu'à 1000 euros), a fait perdre des recettes à la Sécurité sociale.
Tout comme l’exonération de cotisations sur les heures supplémentaires et la baisse du taux de CSG pour une partie des retraités qui pèse sur la branche vieillesse. Le coût de ces deux mesures, qui ne sera pas compensé par l’État, est estimé respectivement à "1,2 et 1,5 milliard d’euros", selon la Commissoin des comptes. Sans compter la prochaine réindexation des pensions de retraites inférieures à 2000 euros.
Dans ces conditions et alors que débute une seconde phase de concertation avec les syndicats, le gouvernement voudra probablement en profiter pour justifier l'intérêt de sa réforme des retraites qui, selon lui, doit permettre de redresser les comptes grâce à la mise en place d’un système universel à points à compter de 2025. Pas sûr que cela suffise pour autant à convaincre les partenaires sociaux.