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Pourquoi le nombre de Français se déclarant en difficulté financière a baissé malgré la crise

Le nombre de Français en difficulté financière à baissé

Le nombre de Français en difficulté financière à baissé - Joel Saget - AFP

Alors que 22% des ménages disent avoir vu leur revenu mensuel baisser entre mars 2020 et mars 2021, la proportion de ceux qui déclarent s'endetter ou puiser dans leurs réserves a reculé de 4 points sur la même période. Une situation paradoxale qui s'explique par les restrictions de consommation dans un contexte de crise sanitaire.

C'est tout le paradoxe de la crise du Covid-19. Si 22% des ménages français en moyenne déclarent avoir vu leur revenu mensuel baisser d’au moins 50 euros entre mars 2020 et mars 2021, ils sont aujourd'hui moins nombreux à éprouver des difficultés financières, selon une enquête de l’Insee* parue ce jeudi.

En effet, un ménage sur cinq (20%) disait s’endetter ou puiser dans ses réserves en mars 2021: c’est 4 points de moins qu’il y a un an à la même période. Parallèlement, la proportion de ceux qui affirment avoir pu mettre de l’argent de côté a progressé de 4 points (44%) sur la même période. Enfin, 36% des sondés parviennent à "boucler juste leur budget", un chiffre stable depuis un an.

Comment expliquer cette situation? Tout simplement par les confinements successifs qui ont fortement restreint la consommation. Dit autrement, les ménages n’ont pas moins de difficultés financières parce que leurs ressources ont augmenté mais parce que leurs dépenses ont diminué. Comme en témoignent les 110 milliards d’euros d’épargne supplémentaire accumulée par les Français en 2020, selon la Banque de France.

Et la baisse des difficultés financières concerne toutes les catégories de revenus. Ainsi, la part des ménages modestes déclarant s’endetter ou devoir tirer sur leurs réserves est passée de 44% début 2020 à 36% en mars 2021. Chez les plus aisés, elle atteint aujourd’hui 10%, contre 14% un an plus tôt.

Des difficultés financières en hausse chez les indépendants

Cette situation cache malgré tout des disparités puisque, contrairement aux autres, les ménages composés d’au moins un indépendant ont vu leurs difficultés financières augmenter: quand 13% d’entre eux disaient s’endetter avant la crise sanitaire, ils étaient 32% à être dans ce cas à l’issue du premier confinement en mai 2020. Même constat pour le deuxième confinement d’octobre 2020 à janvier 2021, lorsque la proportion de ménages composés d’indépendant à avoir dû emprunter de l’argent est passée de 20 à 30%.

A l’inverse, les ménages comportant au moins un fonctionnaire et qui disent s’être endettés a fortement diminué entre début 2020 (25%) et aujourd’hui (13%). Enfin, cette proportion est restée stable (18%) chez les ménages composés d’au moins un salarié du privé.

Dans la même logique, la part des ménages avec au moins salarié du privé qui ont mis de l’argent de côté n’a pas bougé entre mars 2020 et mars 2021 (49%), quand celle des ménages composés d’au moins un fonctionnaire a bondi (47 à 61%), à l’inverse de ceux comportant un indépendant (46 à 37%).

Des baisses de revenus plus marqués chez les ménages modestes, les jeunes et les indépendants

Le recul des dépenses a donc été globalement plus important que la baisse des revenus en 2020, bien que tout le monde n’a pas été touché de la même manière. Et pour cause, 29% des ménages modestes assurent que leur revenu mensuel a diminué d’au moins 50 euros entre mars 2020 et mars 2021, contre 17% des ménages aisés. En moyenne, la perte est de 8% du revenu pour les premiers contre 1% pour les seconds. Les ménages les plus pauvres sont également moins nombreux a déclaré une hausse de leur revenu sur l’année (6%) que les ménages les plus riches (14%).

A noter que les ménages composés d’au moins un indépendant affirment plus souvent que leur revenu a baissé par rapport à mars 2020 (37% contre 22% de l’ensemble des ménages. Les jeunes ont aussi été particulièrement touchés: un tiers des 25-34 ans (32%) déclare une baisse de revenus, contre 9% chez les 75 ans et plus.

Les 22% de ménages déclarant une diminution de leur revenu mensuel ont perdu 290 euros en moyenne par unité de consommation. Parmi eux, 11% ont dû souscrire un nouveau crédit ou renégocier leurs crédits en cours et 29% ont reçu une aide publique ou un soutien de la part de leurs proches (contre 17% de l’ensemble des ménages). A l’opposé, 9% des ménages disent avoir vu leur revenu mensuel augmenter de plus de 50 euros avec une hausse moyenne de 226 euros par unité de consommation. Enfin, le revenu de près de 7 ménages sur 10 (69%) a varié de moins de 50 euros.

*Enquête mensuelle de conjoncture auprès des ménages (Camme). Plus de 1600 ménages répondent tous les mois à l’enquête.

https://twitter.com/paul_louis_ Paul Louis Journaliste BFM Eco