BFM Business
France

Péage urbain: ces villes qui en voulaient ou qui n'en voulait pas et qui maintenant hésitent

placeholder video
Le projet de loi mobilité propose aux communes de créer des péages pour limiter la pollution. Le principe figurait déjà dans le Grenelle de l'environnement en 2010 et à l'époque, de nombreuses agglomérations avaient pris position. Mais huit ans plus tard la donne a visiblement changé.

Va-t-il falloir payer pour se rendre en voiture dans certains grandes villes françaises comme c'est le cas à Stockholm, Milan ou Londres? Ce débat est relancé avec la présentation du projet de loi mobilité dévoilé par le site Contexte. Le gouvernement a décidé d'autoriser 36 agglomérations de plus de 100.000 habitants à installer, si elles le souhaitent, des péages à leurs portes. En fait, depuis le Grenelle de l’Environnement, la loi leur en donnait la possibilité "mais selon des critères tels qu’elle n’est pas opérante et que personne ne l’a jamais mis en œuvre en France", explique un porte-parole du ministère des Transports.

Le nouveau texte n’impose toujours rien, mais encadre plus précisément les conditions de la mise en oeuvre du péage urbain. Les villes devront obligatoirement organiser une concertation, réaliser des études pour en mesurer l’impact. La loi prévoit également un plafond tarifaire, tout en laissant libres les communes de moduler leurs tarifs selon les types de véhicules -leurs niveaux d'émissions de C02 ou de particules fines par exemple- et la nature du déplacement.

carte
carte © Ministère des Transports

Lyon et Grenoble étaient pour 

De quoi libérer de toutes les contraintes antérieures, les communes qui avaient, par le passé, manifesté le souhait d'instaurer un péage urbain. Et elles sont nombreuses.

Toulouse et Lille avaient planché sur un péage "positif" générateur de "bonus", qui récompenserait les bons élèves un peu comme à Amsterdam où les automobilistes perçoivent quelques euros s’ils évitent les heures de pointe. Paris et Marseille avaient, à l'époque, rejeté l'idée d'un péage. Anne Hidalgo ne souhaitant, par exemple, pas établir une frontière financière entre la capitale et sa banlieue. Par contre, à Lyon, l’option d’un péage, est dans les cartons depuis 2003.

"Gérard Collomb n’a jamais caché son souhait de voir ce projet aboutir un jour pour deux raisons", notait à l'époque un article publié dans Rue89 Lyon. Le maire de la ville y voyait alors deux avantages: "Le péage urbain serait une source de revenus non négligeable. La seconde, c’est l’image de ville polluée et embouteillée dont Lyon a de plus en plus de mal à se défaire".

Grenoble a également lancé une étude dès 2011 en intégrant dans le prix du péage l’accès aux transports en commun. Le conseil de communauté de la Métro avait demandé au SMTC (Syndicat mixte des transports en commun) d’étudier le projet.

Anne Hidalgo n'est pas contre un péage urbain autour du Grand Paris

Mais au moment où la loi leur facilite la tâche, les mêmes élus ne semblent plus pressés de finaliser leurs projets ou pour certains le redéfinissent. "Il est un peu tôt pour parler du nouveau projet, il faut attendre une version finale, mais les choses ont changé depuis 2010", nous a indiqué un porte parole de la métropole Grand Lyon. "Nous travaillons sur d'autres pistes comme le déclassement de l'autoroute A6/A7 qui traverse la ville".

À Grenoble, pas un élu ne veut s’exprimer sur le sujet. Les services du maire nous renvoient vers le SMTC qui ne veut faire aucun commentaire. "Nous ne dirons rien tant que le texte final n’est pas publié", répond simplement le service communication du SMTC.

A l'inverse, la maire de Paris tempère sa position initiale. La municipalité est ouverte à l'idée d'un péage au-delà des frontières du Grand Paris, comme l'a indiqué Emmanuel Grégoire, son premier adjoint, invité du Talk du Figaro.

De son côté, le gouvernement se veut neutre sur le sujet. Il offre aux élus locaux un outil pouvant compléter le principe des zones interdites aux véhicules les plus polluants. Quinze agglomérations ont déjà adopté la vignette "Crit’Air". Et elles vont être autorisées à implanter un système de vidéo-verbalisation pour identifier et pénaliser financièrement les contrevenants.

Mai s'il est clair que ces systèmes utilisant des caméras pourront aussi servir pour contrôler le paiement d'un futur péage. Les communes devront donc demain décider si elles veulent que la réduction de la circulation automobile leur rapporte de quoi financer des transports en commun. Ce que permet le péage, mais pas les vignettes Crit'Air.

Pierre Kupferman et Pascal Samama