Les ménages modestes ne parviennent plus à surépargner

Les ménages les plus modestes ne parviennent plus à surépargner comme ils l'avaient fait pendant la crise sanitaire du Covid-19, alors que les plus aisés continuent d'accumuler de l'épargne supplémentaire, selon une étude publiée ce mardi par le Conseil d'analyse économique (CAE).
Début 2022, le bas de laine supplémentaire des ménages représente malgré tout encore 6% du stock total de leur épargne, ce qui signifie "qu'on ne voit toujours pas, au moins globalement, de comportement franc de désépargne chez les ménages français", selon l'étude réalisée à partir de l'analyse d'un échantillon de données bancaires de ménages anonymisé du réseau Crédit Mutuel Alliance Fédérale.
L'incertitude sanitaire encore présente et l'accélération de l'inflation depuis l'automne dernier peuvent expliquer que les ménages ne dépensent pas plus rapidement l'argent qu'ils ont mis de côté. Mais le comportement des ménages vis-à-vis de leur épargne dépend de leur niveau de vie, observent les auteurs de l'étude du CAE.
"À partir de septembre 2021, le surcroît d’épargne commence à diminuer pour tous les déciles à l’exception du dernier décile pour lequel le surcroît d’épargne semble se stabiliser", relève le CAE.
C'est particulièrement vrai pour les plus modestes dont l'évolution du stock d'épargne est désormais proche de celle observée avant la pandémie. Cela signifie que ces derniers ne parviennent plus à mettre chaque mois autant de côté que pendant la crise. Par exemple, un ménage qui mettait 50 euros de côté par mois avant la pandémie et qui était parvenu à monter à 60 euros pendant, ne le peut plus aujourd'hui.
"À l’inverse, le dernier décile conserverait un surplus d’épargne cumulé de l’ordre de 10 % de son stock d’épargne brute, qui est en partie dû à des gains en capital sur ses actifs financiers", ajoutent les auteurs de l'étude.
Les dépôts des plus aisés sur les comptes titres augmentent
L'analyse des comptes bancaires des ménages montrent encore que depuis mars 2021, les 10% les plus aisés ont surtout vu progresser les dépôts sur leur comptes titres (qui permettent d'investir en Bourse), ce qui pourrait s'expliquer par la bonne santé des indices boursiers après leur chute de début 2020.
A partir de mars 2020, les premières mesures de restrictions pour faire face à la crise sanitaire ont entraîné une forte baisse de la consommation des ménages, alors que les revenus de la plupart d'entre eux ont été maintenus grâce aux mesures de soutien public, comme le chômage partiel ou le fonds de solidarité pour les indépendants.
Selon la Banque de France, ils ont ainsi accumulé un surplus d'épargne inédit de 170 milliards d'euros. Fin février, un peu plus de 12,5% des méanges étaient à découvert, soit 1,5 point de moins qu'en 2019, avant le déclenchement du quoi qu'il en coûte.