Défense: les relations s'apaisent entre la France et l'Allemagne sur les grands projets d'armement

Cet accord "scelle une confiance mutuelle entre la France et l'Allemagne et constitue la condition du succès de projets communs comme le char et l'avion du futur", estime l'Elysée - Eric Piermont - AFP
Entre la France et l'Allemagne, les relations sont parfois tendues, surtout en matière de coopération sur les programmes militaires menés en commun. Au coeur des différends, le droit de veto de l'Allemagne sur les ventes d'armes qui contiennent des éléments issus de leur collaboration. Ce dispositif peut avoir des conséquences sur des projets stratégiques en cours comme le système de combat aérien du futur (SCAF) piloté par Dassault qui a vocation à remplacer les Rafale et les Typhoon, et le char de combat du futur (MGCS) qui doit remplacer les Leclerc et les Leopard, sous leadership allemand.
Ce mercredi, à Toulouse, Emmanuel Macron et Angela Merkel ont annoncé avoir trouvé une issue afin de "lever plusieurs obstacles, parfois des malentendus", comme l'a précisé le président français. "Nous avons finalisé un accord majeur juridiquement contraignant sur les exports d'armes pour mener à bien ces programmes et plus largement nos projets industriels communs dans ce domaine", a déclaré Emmanuel Macron au cours d'une conférence de presse commune avec la chancelière à l'issue d'un Conseil des ministres des deux pays à Toulouse.
L'accord couvre donc les projets en coopération (avion et char de combat futurs), les coopérations industrielles - comme les équipements terrestres produits par KNDS, la société commune entre l'allemand Krauss-Maffei Wegmann (KMW) et le français Nexter - ou encore les équipements d'un pays comprenant des composants de l'autre pays, a indiqué le cabinet de la ministre françaises des Forces armées Florence Parly.
Autre point stratégique, le pourcentage de composants en dessous duquel un pays peut se passer de l'aval de l'autre a été fixé à 20%. Sous ce seuil, Berlin ne se prononcera pas, quelle que soit la destination de l'armement. Cette question a été sources d'irritations entre les deux pays ces derniers mois, l'Allemagne, qui a gelé ses exportations vers l'Arabie saoudite après l'assassinat du journaliste Jamal Khashoggi.
Les tests en vol de l'avion du futur démarreront en 2026
Cet accord semble avoir débloqué une situation délicate du projet Scaf. Comme l'a précisé Florence Parly, un contrat pour un démonstrateur sera signé en janvier 2020 pour démarrer des tests en vol en 2026. "Cet avion de combat et du futur et les drones qui l'accompagneront entreront dans nos forces à l'horizon 2035/2040", assure la ministre des Armées. Ces contrats d'études pour faire voler le premier démonstrateur couvriront tous les aspects du programme (avion, moteur, drones) et représenteront un engagement de 150 millions d'euros sur deux ans, a précisé le cabinet de la ministre.
Cette étape était très attendue par les industriels, au premier rang desquels Dassault Aviation et Airbus. En septembre, Eric Trappier, PDG de Dassault Aviation, affichait son inquiétude sur les conséquences d'un retard du projet. "La notification (du contrat) des démonstrateurs aurait dû se faire en juin lors du salon du Bourget. Septembre devait être l'heure du lancement, on évoque aujourd'hui la fin de l'année. Attention que cela ne se décale pas trop encore".
Ce mercredi, après l'annonce de l'accord franco-allemand, le patron de Dassault Aviation a fait part de sa satisfaction: "Dassault Aviation se félicite de cette nouvelle avancée de l'avion de combat futur franco-allemand. Nous sommes impatients d'être en janvier pour débuter les travaux du démonstrateur".