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Ce sera finalement +0,8%: l'Insee révise la croissance française à la hausse pour 2025 malgré des consommateurs et des entreprises plus déprimés que jamais

Le drapeau français (image d'illustration)

Le drapeau français (image d'illustration) - Frédéric Bisson/Flickr

Selon la dernière note de conjoncture de l'Insee, le PIB tricolore devrait progresser de 0,8% cette année, contre 0,6% estimé jusqu'alors. L'activité est toutefois freinée par la crise politique et budgétaire qui pèse sur le moral des ménages et des entreprises.

La France en plein brouillard. Miné par l'instabilité politique, la crise budgétaire et les tensions internationales, le moral des ménages comme des entreprises est en berne. Depuis la dissolution à l'été 2024, l'Hexagone se démarque en effet de ses voisins "par un singulier manque de confiance" qui est "clairement l'élément manquant de la croissance" tricolore, souligne Dorian Roucher, chef du département de la conjoncture de l'Insee.

Paradoxalement, l'économie française devrait, malgré ces circonstances défavorables, faire mieux que prévu. Dans sa dernière note de conjoncture publiée ce jeudi, l'institut de la statistique table en effet sur une progression du PIB de 0,8% sur l'ensemble de l'année, contre 0,6 attendu jusqu'alors. C'est également 0,1 point de plus que la prévision du gouvernement, mais moins qu'en 2024 (1,1%).

Comment expliquer cette capacité de résistance de l'activité tricolore malgré la morosité ambiante? Essentiellement par des poches d'activité qui se révèlent particulièrement dynamiques: l'agriculture, le tourisme, l'aéronautique, ou encore le marché immobilier et le bâtiment qui retrouvent des couleurs.

À titre d'exemple, la croissance du deuxième trimestre a été meilleure que prévu (0,3% au lieu de 0,2%), principalement grâce à "l'exceptionnel dynamisme de la production manufacturière en juin, en particulier dans l'aéronautique, et de la hausse continue du solde touristique", note l'Insee. Ce devrait être peu ou prou le même scénario aux troisième (0,3% de croissance prévu) et quatrième (0,2%) trimestres avec une poignée de secteurs qui maintiendraient l'activité à flot.

Des Français inquiets qui épargnent massivement

Le reste du tableau est loin d'être réjouissant: l'investissement des entreprises resterait convalescent (-0,9% sur l'année) et la consommation des ménages toujours aussi décevante (+0,5%, deux fois moins qu'en 2024), en partie compensée par les dépenses des touristes qui, elles, se portent bien un an après les Jeux olympiques. Un paradoxe là encore alors que le recul de l'inflation plus prononcé que chez nos voisins a permis aux Français d'engranger davantage de gains de pouvoir d'achat (+0,8% attendu cette année) avec des salaires réels qui auraient récupéré en fin d'année trois quarts du terrain perdu en 2022 et 2023.

Il faut dire que la confiance des ménages est au plus bas depuis deux ans. "Les Français sont de plus en plus nombreux à anticiper une dégradation de l’activité dans les prochains mois", observe Dorian Roucher. Résultat, les gains de pouvoir d'achat ne sont pas consommés et le taux d'épargne atteint des niveaux jamais vus (18,9% au deuxième trimestre) depuis la fin des années 1970 hors période Covid.

Ce taux d'épargne devrait nettement reculer en cette fin d'année (17,8% prévu fin 2025), mais principalement parce que les Français vont devoir payer le solde de l'impôt sur le revenu. Il pourrait ensuite tout à fait remonter compte tenu du climat ambiant, d'autant qu'avec la chute du gouvernement Bayrou lundi, "un regain d'attentisme n'est pas à exclure" pour Dorian Roucher.

L'emploi résiste mieux que prévu

Autre signe illustrant la déprime des Français: "les craintes sur le chômage se retrouvent à des sommets depuis 10 ans, alors que l'emploi résiste plutôt bien", indique Dorian Roucher. L'emploi salarié a en effet progressé à la surprise générale au deuxième trimestre et s'il devrait légèrement reculer de 0,1% sur l'ensemble de l'année (-34.000), l'Insee tablait initialement sur une chute de 0,4%. Le taux de chômage devrait lui s'établir à 7,6% contre 7,5% aujourd'hui. Une hausse plus modérée que celle anticipée par les dernières prévisions (7,7%).

"On a été supris par la résistance de l'emploi", reconnaît Dorian Roucher qui avance deux principales raisons. D'abord, le nombre d'alternants qui a continué d'augmenter au premier semestre malgré la baisse des aides publiques. Ensuite, la bonne tenue du tourisme qui a stimulé l'hébergement-restauration, secteur dans lequel il y a "eu plus d'emplois que ce à quoi on s'attendait".

https://twitter.com/paul_louis_ Paul Louis Journaliste BFM Eco