43% des Français ont renoncé à des achats alimentaires pour des raisons financières

L'opinion en direct - Les Français et l'inflation - AFP
Dans un contexte d'inflation persistante, les Français continuent de restreindre leurs dépenses pour préserver autant que possible leur pouvoir d'achat. Selon une nouvelle enquête "L'Opinion en direct" menée par l'institut Elabe pour BFMTV*, plus de 8 sondés (81%) sur 10 disent avoir renoncé au moins une fois à une catégorie de dépenses ces derniers mois (alimentaires, shopping, vacances, soins, etc.).
Les Français renoncent de plus en plus à certains achats alimentaires
Contrairement aux autres catégories à l'exception du shopping, les renoncements d'achats alimentaires sont en hausse depuis novembre (43%, +4 points), sans doute en lien avec l'envolée des prix qui se poursuit en rayons et frôle désormais les 15%.
Dans ces conditions, les Français disent se priver tout particulièrement de viande (43%), de poisson (34%), de gâteaux et biscuits (27%), de produits bio (26%) et de charcuterie (26%). Ils changent aussi leurs habitudes en achetant des produits moins chers qu'avant (44%) ou en achetant de plus petites quantités (30%).
Mais plus que l'alimentaire, les Français ont surtout renoncé à dépenser pour des sorties shopping (53%, +2 points), des sorties cinéma, au restaurant ou bar (49%, -2 points) ou des départs en vacances ou en week-end (45%, -3). Un tiers (34%, -3 points) des personnes interrogées disent également ne pas avoir chauffé convenablement leur logement ces derniers mois, tandis que 20% ont renoncé à faire un don à des associations (-5) et 17% à des soins.
Près d'un Français sur 5 déclare (19%) au contraire n'avoir renoncé à rien pour des raisons financières ces derniers mois.
45% des Français contraints de se restreindre pour boucler les fins de mois
Ces privations traduisent la difficulté des Français à faire face à l'inflation. 79% d'entre eux déclarent ainsi devoir "se serrer la ceinture" par rapport à leur train de vie habituel, dont 25% "beaucoup". Et si 55% assurent finalement pouvoir boucler leurs fins de mois en mettant de l'argent de côté (18%) ou sans trop se restreindre (37%), 45% affirment au contraire devoir se restreindre (32%) ou même puiser dans leurs réserves ou emprunter de l'argent (13%) pour y parvenir.
La difficulté à boucler les fins de mois s'observe surtout chez les employés et ouvriers (57% doivent se restreindre), les habitants des communes rurales et petites agglomérations (54%) et, d'un point de vue politique, chez les électeurs de Marine Le Pen (56%) et de Jean-Luc Mélenchon (49%). A l'inverse, la majorité des cadres (70%) et des électeurs d'Emmanuel Macron (70%) disent ne pas avoir besoin de se restreindre.
L'industrie agroalimentaire et la grande distribution montrés du doigt
Face à l'envolée des prix alimentaires, les Français désignent les industriels de l'agroalimentaire "qui augmentent trop fortement leurs tarifs" (66%, +13 points depuis mars) et la grande distribution qui "ne réduit pas assez ses marges" (63%, +11 points) comme premiers responsables, loin devant la guerre en Ukraine (36%, -12 points), le dérèglement climatique qui réduit le volume des récoltes (22%, -11) ou les agriculteurs qui demanderaient des hausses de prix trop importantes (7%, -1).
Pour atténuer le choc sur le pouvoir d'achat, le gouvernement a mis en place une série de mesures qui "vont dans le bons sens mais sont insuffisantes" pour 46% des sondés, tandis que 37% considèrent qu'"elles n'améliorent pas du tout la situation en matière de pouvoir d'achat". 16% pensent le contraire.
Reste que les Français estiment qu'aucun des principaux partis d'opposition ne ferait mieux qu'Emmanuel Macron pour limiter l'impact de l'inflation. Seul un quart pense que Marine Le Pen et le Rassemblement national feraient mieux que l'actuel chef de l'Etat dans ce domaine s'ils étaient au pouvoir, 45% ni mieux ni moins bien et 30% moins bien.
Ils ne sont en outre que 16% à penser que Jean-Luc Mélenchon et la Nupes feraient mieux, contre 44% ni mieux ni moins bien et 39% moins bien. Enfin, 6% jugent que Les Républicains feraient mieux, 69% ni mieux ni moins bien et 25% moins bien.
Enquête réalisée par Elabe selon la méthode des quotas du 9 au 10 mai 2023 auprès d'un échantillon de 1000 personnes représentatif des résidents de France métropolitaine âgés de 18 ans et plus.