Déficit public: Pierre Moscovici "ne craint pas une crise financière au sens grec ou l'arrivée du FMI"

Quel est le degré de gravité de la situation budgétaire de la France? Si certains experts tirent d'ores et déjà la sonnette d'alarme, d'autres se montrent plus modérés sur la situation réelle de l'Hexagone. C'est notamment le cas de Pierre Moscovici, premier président de la Cour des comptes qui était présent sur le plateau de BFMTV lundi soir. "Je ne crains pas pour la France une crise financière au sens grec, je ne crains pas l'arrivée du FMI, je ne crains pas les sanctions immédiates de l'Union européenne", a déclaré l'ancien ministre de l'Economie et des Finances.
"En revanche, le risque existe que nous nous enfoncions doucement, que nos spreads continuent d'augmenter et que nous allions vers les 100 points de base avec l'Allemagne, que ça coûte de plus en plus cher et qu'on soit dans une espèce de boule de neige, qu'on ait non plus 55% de charge de la dette à rembourser chaque année mais 70 puis 100 et là on ne peut plus rien faire", a-t-il ajouté.
"La dette française est une bonne dette qui trouvera toujours preneur, mais à quel prix? Si elle est de plus en plus cher, on ne peut plus rien faire. Un État endetté est un État paralysé et totalement impuissant."
"Nous avons un spread qui augmente avec l'Allemagne et qui se réduit avec l'Italie, a-t-il estimé. D'une certaine façon, on s'italianise et ce n'est pas une bonne chose parce que l'Italie fait des efforts et nous devons les faire aussi."
"Basculer du côté des économies en dépenses"
A la veille du discours de politique générale de François Bayrou, le premier président de la Cour des comptes espère que le Premier ministre sera "capable de donner le sentiment que les pouvoirs publics savent où ils vont." "Il faut que demain et par la suite on sente que la stabilité est possible, qu'on a élargi ce socle commun mais qu'on le fasse sans renoncer à l'essentiel, a-t-il indiqué. Ce chemin de finances publiques est essentiel : nous devons être à moins de 3% de déficit en 2029, nous devons être clairement en dessous de 5,5% dès 2025."
"Quel que soit les mesures prises, nous ne devons pas sacrifier la volonté d'économiser les dépenses publiques dans l'avenir."
Pierre Moscovici a ainsi rappelé qu'il était selon possible de "faire des économies intelligentes sans dégrader notre modèle social", mentionnant un récent rapport des Sages de la rue Cambon qui évoque 4 à 5 milliards d'euros d'économies possibles en réduisant les dépenses du "quoiqu'il en coûte" et "sans toucher à quoique ce soit qui concerne les Français." Alors que le projet de loi de finances de Michel Barnier comprenait "beaucoup de fiscalité et assez peu d'économies" selon lui, Pierre Moscovici invite donc à "basculer du côté des économies en dépenses."