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Finances publiques

Alors que la France reçoit un nouvel avertissement d'une agence de notation qui craint une "impasse" sur le budget, l'Espagne est récompensée simultanément par Fitch et Moody's

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L'agence Scope Ratings a maintenu la note de la France mais a révisé sa perspective de stable à négative compte tenu de l'instabilité politique. Au même moment, Moody's et Fitch ont relevé la note de l'Espagne dont la dynamique semble

L'agence de notation Scope Ratings a confirmé la note de la dette française vendredi, après l'avoir dégradée il y a près d'un an de AA à AA-, mais révise sa perspective de stable à négative, selon un communiqué. Scope Ratings a principalement avancé la situation budgétaire et l'instabilité politique croissante pour justifier sa décision.

Dans le même temps, l'Espagne a reçu les félicitations de deux agences de notation. Deux semaines après avoir déjà vu sa note relever par S&P, Madrid obtient désormais un A3 chez Moody's et un A chez Fitch, soit le plus haut niveau depuis 2012.

"Risque d'impasse législative"

Du côté de la France, la fragmentation politique illustrée par les débats parlementaires autour du budget renforcent un "risque d'impasse législative", et l'absence de compromis sur la réduction du déficit et du ratio entre la dette publique et le Produit intérieur brut (PIB) pourraient menacer la note française d'une nouvelle dégradation, indique Scope Ratings.

Selon ses prévisions, le déficit atteindrait 5,6% du PIB en 2025, contre 5,4% espérés, tandis que la dette publique française grimperait à 116,5% du PIB en 2025, et 125% du PIB d'ici 2030 "en l'absence de nouveaux chocs". Il s'agirait de "l'une des plus fortes hausses" parmi les pays partageant la même notation, précise l'agence.

La dette publique de la France a encore gonflé au deuxième trimestre, atteignant 115,6% du PIB et un record en valeur absolue à plus de 3.400 milliards d'euros, alors que le Premier ministre, Sébastien Lecornu, tente toujours de trouver la martingale pour boucler un budget 2026 dans un climat social tendu. Le nouveau locataire de Matignon a dit viser un déficit public de 4,7% du PIB en 2026 et toujours 3% en 2029 dans une interview au Parisien.

Le miracle espagnol se poursuit

La France est troisième sur le podium des pays de la zone euro les plus endettés, derrière la Grèce et l'Italie, et première concernant l'ampleur de son déficit. En septembre, l'agence de notation Fitch avait dégradé la note souveraine de la France en citant également son instabilité politique et sa fragilité budgétaire. L'agence voyait l'endettement grimper jusqu'à 121% du PIB en 2027.

L'Espagne à l'inverse se porte bien. Le déficit a été ramené sous les 3% en 2024 et sa dette a reculé pour s'établir à 101,8% du PIB. Le PIB qui a d'ailleurs progressé de 3,5% l'an passé, soit plus que prévu et bien mieux qu'en France (1,2%). Pour cette année, le gouvernement a revu sa prévision de croissance à la hausse et table désormais sur 2,7%.

"Les trois relèvements de notation en à peine deux semaines témoignent de la confiance dans notre croissance et des bonnes perspectives de notre économie", a salué le ministre de l'Économie, Carlos Cuerpo, dans une déclaration vidéo. "Cela attirera beaucoup plus d'investisseurs vers nos émissions de dette".

https://twitter.com/paul_louis_ Paul Louis avec AFP Journaliste BFM Eco