Finance durable: le principal label français se réforme pour être plus crédible

Le comité du label de l'investissement socialement responsable (ISR), principal label des fonds de développement durable en France, a présenté mardi un nouveau cadre d'attribution plus exigeant avec l'ambition de devenir une référence pour les épargnants. Au 31 mars 2023, près de 1200 fonds représentants 773 milliards d'euros avaient reçu ce label dont les conditions d'attribution n'avaient pratiquement pas évolué depuis son lancement en 2016 et qui était de plus en plus critiqués pour la faiblesse de ses critères.
Des critères d'obtention durcis
Les fonds labellisés devront désormais "déclarer des objectifs précis" sur chacun des trois piliers environnementaux, sociaux et de gouvernance. Pour la première fois, le label exclura ainsi certaines entreprises. En matière d'environnement, aucune entreprise dont 5% de l'activité est liée au charbon ou qui développe "de nouveaux projets d'exploration" dans les hydrocarbures non conventionnels, plus difficiles à extraire, ne pourra en faire partie.
Le label exigera aussi une "analyse des plans de transition climatique" des entreprises et un suivi plus poussé de leurs objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Les critères pour obtenir le label seront également durcis pour retenir dans l'"univers d'investissement" davantage d'entreprises vertueuses ou augmenter la note moyenne des portefeuilles en matière de critères environnementaux, sociaux et de gouvernance.
L'ISR servira "de socle" à d'autres labels plus spécifiques
Répondant également aux critiques, la présidente du label Michèle Pappalardo avait promis jeudi, au cours d'une conférence de presse, un contrôle "plus strict" de l'univers d'investissement par les certificateurs afin de "fermer les portes" aux gérants qui tenteraient d'y introduire des entreprises peu vertueuses. L'idée de créer un label à plusieurs niveaux d'exigences a par ailleurs été écartée, l'ISR devant servir "de socle" aux autres labels qui pourront être plus spécifiques, selon Michèle Pappalardo.
Ces dispositions sont soumises à consultation des acteurs de la finance jusqu'au 31 mai. Puis une version finale sera transmise au ministère de l'Économie, le comité du label espérant être en mesure de valider les premiers fonds selon ces nouveaux critères à partir du 1er janvier 2024.