Fin de mandat au Medef: Geoffroy Roux de Bézieux part avec "le sentiment du devoir accompli"

Après 5 ans à la tête du Medef, il est temps de rendre les clés pour Geoffroy Roux de Bézieux qui quittera ses fonctions le 17 juillet prochain.
Bien qu'aidé par une politique gouvernementale qu'il qualifie de 'pro-business', son mandat a été secoué par de nombreuses crises dont les gilets jaunes, le Covid et la guerre en Ukraine. A l'heure du bilan, le patron des patrons se dit “assez serein” et part avec “le sentiment du devoir accompli.” Comment s'en est-il sorti?
Dialogue social, dispositifs d'aides... Les succès du président
Malgré un contexte compliqué, Geoffroy Roux de Bézieux a réussi à marquer des points. Alors que la crise du Covid battait son plein, c'est lui qui a négocié dans l'urgence les précieux dispositifs d'aides aux entreprises-prêts garantis par l'Etat ou encore activité partielle- qui ont permis a beaucoup d'entre elles de survivre.
Il a ensuite renoué le dialogue avec les syndicats en instaurant un agenda social autonome afin de ne pas se laisser dicter leur calendrier par l'Etat. Plusieurs gros accords en sont sortis comme celui sur le télétravail mais aussi, et surtout, celui sur le partage de la valeur qui était pourtant loin d'être acquis.
Autres faits d'armes à mettre à son actif: il a demandé aux entreprises d'augmenter les salaires face à l'inflation, une prise de position qui a pu surprendre, et a féminisé les instances du Medef dont le comité exécutif comprend désormais 31% de femmes... Il y a encore du chemin à faire. Enfin, le nombre d'entreprises adhérentes est passé de 123.000 à 173.000, soit une augmentation de 41%, tandis que l'image de l'organisation est meilleure après son passage.
"L'Europe, c’est un peu mon regret"
Alors, un bilan parfait pour Geoffroy Roux de Bézieux? Non, et c'est lui d'ailleurs qui l'avoue.
"L'Europe, c'est un peu mon regret [...] J'ai musclé notre dispositif à Bruxelles mais mon temps de cerveau n'a pas été assez consacré à Bruxelles," a-t-il expliqué au micro de BFM Business.
"Entre les crises et le fait que l'on est aspiré par les sujets franco-français, on a laissé passer énormément de choses" alors que l'UE est devenue une véritable machine à produire des normes au détriment des petites et moyennes entreprises qui n'arrivent pas à suivre, poursuit-il.
Quant aux défis qui attendent son successeur, il en nomme deux principaux. Outre l'Europe, il devra composer avec une situation politique plus instable depuis que le gouvernement a perdu la majorité absolue à l'Assemblée, ce qui suppose un lobbying plus intense.
Puis, il y a la réforme des retraites qui a rebattu les cartes du dialogue social. En effet, après avoir longtemps court-circuiter les partenaires sociaux, le gouvernement a décidé de leur redonner la main, forçant patronat et syndicats à s'entendre pour obtenir des avancées.
"Soit on y arrive et on résout un certain nombre de problèmes [...] soit on n'y arrive pas et le gouvernement sera légitime à dire écoutez on reprend la main," a-t-il dit.
Dominique Carlac'h et Patrick Martin, les deux prétendants à la succession de Geoffroy Roux de Bézieux, débattront lundi 26 juin sur BFM Business. Pour celui qui va céder sa place, pas question de prendre parti. "Que le meilleur gagne," a-t-il seulement esquissé à notre micro.