Ces Français qui soutiennent la réforme des retraites

Si les syndicats ne cessent de répéter que l’opinion est de leur côté, ce que confirment les enquêtes d’opinion, reste qu’un tiers des Français sont favorables à cette réforme qui attise toutes les dissensions politiques et sociales.
Quel est le profil de cette minorité plus silencieuse ? Et quelles sont leurs raisons ?
Un soutien qui varie par occupation et par convictions politiques
D'après la dernière enquête Elabe, 46% des retraités sont favorables à la réforme proposée par le gouvernement. Ils sont un de ses principaux bastions de soutien d’après les sept sondages déjà publiés par le cabinet d’études Elabe sur le sujet depuis mi-janvier.
Par ailleurs, les idéologies politiques esquissent aussi les frontières entre soutien et opposition au texte, explique Vincent Thibault, directeur conseil opinion pour Elabe. Les électeurs d’Emmanuel Macron (Renaissance), de Valérie Pécresse (Les Républicains) et d’Eric Zemmour (Reconquête!) sont ceux qui comptent le plus de défendeurs de la réforme, il poursuit.
Il souligne tout de même que seuls 6% des sondés se sont déclarés "très favorable" au texte, tandis que 39% y sont "très opposés." Les "non" des adversaires de la réforme sont donc plus prononcés que les "oui" de ses alliés.
Les alliés de la réforme craignent pour la santé du système
Inchangé, le système des retraites s’enfoncerait dans le rouge à l’horizon 2030 dû, principalement, à un rythme de départs à la retraite que les nouveaux entrants sur le marché du travail ne pourront égaler. C’est l’argument régulièrement brandi par le gouvernement, et étayer dans le rapport du COR (Conseil d’orientation des retraites), pour justifier la nécessité de leur projet.
Un argument également crucial pour les alliés du texte : pour eux, cette réforme est nécessaire au retour à l’équilibre financier du système, explique Vincent Thibault. Ils craignent que le système soit en danger et considèrent que “la seule solution est de travailler plus longtemps,” rajoute-t-il.
En second lieu, ils estiment que le recul de l’âge de départ à la retraite n’est pas illégitime puisque l’on vit plus longtemps.
Au début de l’année, les partisans de la réforme la jugeaient également juste, selon Vincent Thibault. Un argument de justice social qui a “été balayé au moment où on a parlé des 1200 euros.”
Une opinion qui ne se lasse pas... encore
Ce n’est ni la première réforme des retraites ni le premier mouvement social qui secoue le France. La dernière tentative de modifier le système date de 2019 ; à la barre, le Premier ministre Edouard Philippe défendait un texte qui avait également fait descendre les syndicats dans la rue. Mais entre aujourd’hui et hier, il y a une différence notable, note Vincent Thibault.
A l’époque, il y a eu "une lassitude de l’opinion vis-à-vis de la mobilisation au bout de 3 ou 4 manifestations. Aujourd’hui, ce n’est pas le cas.”
L’opinion publique est favorable non seulement au retrait du texte mais aux mobilisations, à la mise à l’arrêt de la France et même aux grèves reconductibles qui ne manqueront pas de leur rendre la vie plus difficile pour quelques jours.
Si elle ne se lasse pas, pour l’instant, c’est une affaire à suivre de près, note Vincent Thibault. Car “c’est une chose de soutenir le mouvement en amont,” s’en est une autre de maintenir son appui après plusieurs jours de grèves.