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Dubaï: la fête est finie, le tourisme médical divise

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Destination star pour les touristes pour fuir la pandémie et pour le tourisme médical, l'Etat a décidé de violemment serrer la vis après une explosion du taux de contamination.

Dubaï, ses plages magnifiques, ses buildings toujours plus hauts et surtout ses bars et ses restaurants ont attiré nombre de touristes du monde entier lors des vacances de Noël. L'Etat était en effet une des seules destinations possibles pour fuir la pandémie et les restrictions sanitaires. Un vrai refuge luxueux.

Et Dubaï a tout fait pour accueillir en sécurité cette vague touristique en imposant des mesures sanitaires comme le port du masque obligatoire mais en laissant ouvert ses lieux culturels et de divertissement. De quoi peut-être atteindre son objectif de 20 millions de touristes en 2020 fixé avant le début de la pandémie. En tout cas, 500.000 voyageurs sont passés par l'aéroport de Dubaï lors de la première semaine de janvier.

La destination (tout comme les Etats arabes unis dont elle fait partie) a même joué la carte du tourisme médical en autorisant de riches étrangers à se faire vacciner sur son sol. Une entreprise britannique (Knightsbridge, une sorte de club haut de gamme) le propose à ses clients de plus de 65 ans pour la bagatelle de 45.000 euros.

"Nous sommes les pionniers de ce tourisme vaccinal de luxe. Vous partez quelques semaines dans une villa au soleil. Puis vous avez vos deux injections, votre certificat et vous pouvez repartir", explique son fondateur Stuart McNeil dans les colonnes de The Telegraph.

Triplement des contaminations

"Dubaï semble se positionner comme la destination de choix pour ceux qui veulent échapper aux confinements", observe Scott Livermore, économiste en chef d'Oxford Economics Middle East, un centre d'analyse britannique.

Mais aujourd'hui, la cité commence à regretter cette stratégie. Les cas d'infection explosent, ils ont triplé lors des trois dernières semaines, certainement alimentés par l'arrivée de ces nombreux touristes. Désormais, la fête est finie et les mesures restrictives se multiplient malgré la forte dépendance de Dubaï au tourisme.

Les touristes qui arrivent à l’aéroport de Dubaï devront désormis présenter un test Covid-19. Selon la situation sanitaire du pays de provenance, il faudra en faire un supplémentaire après l’arrivée.

Les fêtes privées, mariages et autres réunions familiales seront désormais limitées à 10 personnes, exclusivement de la famille proche. Par ailleurs, dans les cafés et restaurants, la distance entre les tables doit passer de deux à trois mètres. Et les "divertissements" dans les hôtels sont arrêtés. Enfin, les autorités appellent à dénoncer les violations de ces protocoles à travers une application.

Polémique

Quant au tourisme médical, il commence sérieusement à diviser. Les Émirats ont été parmi les premiers pays au monde à lancer en décembre une vaste campagne de vaccination, en utilisant les vaccins du Chinois Sinopharm et de l'alliance américano-allemande Pfizer-BioNTech.

Plus de deux millions de doses ont été injectées, pour une population de 10 millions d'habitants, selon les chiffres officiels. Le pays se classe deuxième derrière Israël en termes de pourcentage de la population vaccinée, estime Statista. Mais des inégalités sont dénoncées et alors que le pays subit une hausse des contaminations, l'Autorité de santé du pays vient d'annoncer un ralentissement dans l'administration du vaccin Pfizer en raison de retards de livraison. Pas sûr donc que les riches occidentaux puissent continuer à venir s'y faire vacciner.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business