Déficit commercial qui se creuse, créations d'emplois divisées par deux... Les mauvais chiffres s'accumulent pour Donald Trump

Le président américain Donald Trump dans le Bureau ovale de la Maison Blanche à Washington, le 22 août 2025. - ANDREW CABALLERO-REYNOLDS
Les mauvaises nouvelles pleuvent pour Donald Trump. Ce jeudi, deux mauvais indicateurs sont venus ternir son bilan des six premiers mois de mandat. D'abord sur le front de l'emploi. Les créations ont nettement ralenti dans le secteur privé aux Etats-Unis en août, selon une enquête publiée jeudi à la veille de la publication des chiffres officiels sur le marché du travail américain. La publication sur l'emploi privé est considérée comme un baromètre plus ou moins fiable des chiffres officiels, qui seront publiés vendredi.
Le mois dernier, 54.000 emplois ont été créés dans le secteur privé, contre 106.000 en juillet, selon l'enquête mensuelle ADP/Stanford Lab. Les marchés s'attendaient à environ 75.000 créations d'emploi, selon le consensus publié par MarketWatch.
"L'année a démarré avec une forte croissance de l'emploi, mais cette dynamique a été freinée par l'incertitude", observe Nela Richardson, l'économiste responsable de l'enquête, citée dans le communiqué.
Ensuite, c'est la balance commerciale de juillet qui a été dévoilée. Or le déficit des Etats-Unis s'est de nouveau creusé au mois de juillet, sous l'effet d'une hausse notable des importations, juste avant l'entrée en vigueur des droits de douane présentés improprement comme "réciproques" par le président américain Donald Trump.
Au mois de juillet, la balance commerciale américaine des biens et services a vu son déficit progresser de 78,3 milliards de dollars, selon les données publiées jeudi par le département du Commerce, soit une hausse de 32,5% par rapport au mois de juin.
Importations en hausse
Dans le détail, les importations ont progressé de 5,9%, alors que les exportations n'ont enregistré qu'une légère hausse, de 0,3%, sur la même période.
La hausse se concentre principalement dans les équipements pour les entreprises, qui concernent les ordinateurs, équipements télécoms ou machines-outils, ainsi que dans les matières premières, l'or en tête, un phénomène déjà observé lors de la précédente forte hausse des importations par anticipation avant les nouveaux droits de douane, en mars dernier.
Si l'on s'attarde sur la répartition géographique, le déficit commercial avec la Chine est reparti en hausse, à 14,7 milliards de dollars, mais n'est plus le plus important. Cette tendance se confirme depuis plusieurs mois désormais et souligne le ralentissement des échanges entre les deux premières puissances économiques mondiales.
Le Mexique (16,6 milliards de dollars) et surtout le Vietnam (16,1 milliards de dollars) paraissent les pays qui profitent le plus de la réorientation des flux commerciaux vers les Etats-Unis, le déficit commercial avec l'Union européenne continuant lui de se réduire (8,6 milliards de dollars).
A l'équilibre avec la France
Concernant les pays européens, le déficit continue de se concentrer sur les mêmes pays, d'abord l'Allemagne, l'Irlande et l'Italie, alors que les échanges avec la France sont dorénavant quasiment à l'équilibre (300 millions de dollars de déficit commercial américain).
Si les chiffres de la balance commerciale concernent une période antérieure à l'entrée des droits de douanes, ce sont bien les chiffres de l'emploi qui vont inquiéter Donald Trump.
Selon Nela Richardson, "plusieurs facteurs peuvent expliquer le ralentissement des embauches, notamment des pénuries de main-d'oeuvre, la frilosité des consommateurs ou les bouleversements liés à l'IA" (intelligence artificielle).
Les données de vendredi seront scrutées de près, le rapport précédent ayant brossé un tableau négatif et mis en colère le président Donald Trump, qui a limogé la responsable du service statistiques.
Selon le rapport ADP, la plupart des créations d'emploi sont restées concentrées dans les secteurs des loisirs et de l'hôtellerie en cette période estivale (50.000).
A l'inverse, des emplois ont été détruits dans les secteurs de la logistique et de l'industrie, chahutés par l'offensive protectionniste du président Donald Trump qui a significativement relevé les droits de douane.
