BFM Business
Conso

Une pénurie de beurre? Pourquoi vous ne risquez pas vraiment de voir des rayons vides dans les supermarchés

placeholder video
Malgré les difficultés rencontrées par les éleveurs français, le beurre ne devrait pas connaître de pénurie dans les supermarchés.

Le beurre ne manquera pas dans les supermarchés. Entre une baisse du cheptel bovin, le niveau élevé des cours mondiaux et l'épidémie de fièvre catarrhale ovine, certains craignent de voir les plaquettes de beurre se raréfier dans les rayons, voire de manquer à l'image des pénuries de l'été 2017.

"Avec nos animaux qui supportent mal la canicule, comme nous les humains, et le passage de la fièvre catarrhale ovine [...], on a une baisse de lait de 500 litres jour", ce qui représente "30% de notre production", observe sur BFMTV un éleveur de Loire-Atlantique, après une rude saison estivale pour ses vaches.

Pourquoi le prix du beurre s'envole-t-il?
Pourquoi le prix du beurre s'envole-t-il?
2:56

Un autre éleveur de la Meuse, qui a souffert de mêmes contraintes, pointe du doigt un prix du lait trop faible pratiqué par les industriels agroalimentaires. "Si vous nous donnez un peu plus de prix sur cette matière grasse, on serait à même d'en faire un peu plus. Mais aujourd'hui, ce n'est pas le cas. On ne va pas produire quelque chose qui nous coûte", regrette-t-il sur BFMTV.

"Il n'y a pas de risque de pénurie de beurre" en France, souligne toutefois Jean-Marc Chaumet, économiste au Centre national interprofessionnel de l'économie laitière (Cniel).

La collecte de lait et la fabrication de beurre, en France comme au niveau mondial, devraient être à la hauteur de la demande. "On a certes eu cette année un pic saisonnier un peu retardé au printemps, mais pas inexistant", explique l'économiste. "Les stocks de beurre ne sont pas très élevés", poursuit-il, mais cela va s'ajouter à une consommation à la traîne depuis le début de l'année (-3,5% sur les ventes au détail).

Une stabilisation des prix mondiaux

Ces dernières années, la consommation de beurre avait plutôt augmenté en France, surtout à travers des produits comme les viennoiseries. Selon l'expert, malgré la fièvre catarrhale et les pics de chaleur, la collecte de lait sur l'année devrait être "comparable" à celle de 2024.

"Même si on n'a pas forcément plus de lait, on peut faire plus de beurre et c'est en train de se passer en France", ajoute-t-il.

Selon les données du ministère de l'Agriculture, la production de beurre à la fin mai était en hausse de 1,7% par rapport aux cinq premiers mois de 2024, à 162.629 tonnes, quand la collecte laitière reculait sur la même période de 0,9%. Par ailleurs, les prix au niveau mondial, qui orientent les achats des industriels, se sont stabilisés depuis le début de l'année, même si les niveaux restent "élevés" face à une demande mondiale en croissance et des tensions sur la fabrication en 2024.

"Au détriment des producteurs français"

En 2017, une hausse des prix mondiaux avait conduit certains industriels à privilégier l'exportation à la grande distribution française, vidant certains rayons et poussant les Français à faire des achats par précaution, mais la situation actuelle est totalement différente. Ces dernières semaines, les prix ont même légèrement reflué, selon Jean-Marc Chaumet, car "les stocks commencent un peu à se reconstituer" grâce à la production américaine et néo-zélandaise.

"Je pense qu'en supermarché, on va pouvoir trouver de la matière grasse, du beurre", confirme Yohann Barbe, président de la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL) et porte-parole de la FNSEA, sur BFMTV.

"C'est plutôt dans toute l'industrie agroalimentaire que ça pourrait manquer, et ils vont importer massivement de la matière grasse au détriment des producteurs en France", avance-t-il.

Selon lui, "il faut juste que tous les acteurs économiques aient l'ambition dans le même sens, ça veut dire rémunérer les producteurs pour donner envie de produire, et on sera vite dans la capacité à honorer le marché français au niveau de la matière grasse".

Jérémy Bruno avec AFP Journaliste BFMTV