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Une consommation historiquement basse: les ventes de cigarettes en forte chute de 12% (et la contrebande n'explique pas tout)

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Cette baisse des volumes vendus s'est traduit par une baisse de 600 millions d'euros du chiffre d'affaires global du tabac, selon l'Observatoire français des drogues et des tendances addictives.

Le tabagisme recule et les ventes de tabac aussi, du moins en volume. D'après le bilan annuel de l'Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT), le réseau des quelques 22.800 buralistes français a enregistré une forte baisse des volumes de tabac vendus l'année dernière: environ 12% par rapport à 2023.

Selon les douanes, il s'est vendu 1,3 milliard de paquets de cigarettes en France en 2024 contre 1,5 milliard l'année d'avant, soit une baisse de 200 millions sur une année. Une baisse qui s'accélère depuis 25 ans du fait des campagnes de prévention mais surtout de la hausse du prix du tabac. Depuis 2000, selon l'Insee le prix moyen du tabac a bondi de près de 360%.

Dans le détail, les ventes de cigarettes et de tabac à rouler ont respectivement reculé de 12 et 13% sur un an, tandis que celles des autres produits du tabac ont augmenté de 2%, mais avec des évolutions contrastées: -5,4% pour les cigares, -9,4% pour le tabac à mâcher et +12,5% pour les autres tabacs à fumer (narguilé, blunts, etc.)

Dans le même temps, le chiffre d'affaires global du tabac a également baissé de 600 millions d'euros, alors qu'il flirtait avec les 20 milliards d'euros en 2023.

Mais sur le temps long, il affiche une progression annuelle moyenne de 0,9% depuis 2017, en raison notamment de la hausse des prix portée par celle des recettes fiscales, les différentes taxes représentant plus de 83% du prix d'un paquet de cigarettes.

Un tabagisme plus important chez les personnes à faible revenus mais qui baisse chez celles sans emploi

Le marché noir et les achats à l'étranger participent aussi au recul. Selon le président national de la Confédération des buralistes, Philippe Coy, 30 à 40% du tabac vendu dans l'Hexagone proviendrait de réseaux parallèles à celui des buralistes.

Néanmoins le recul de la consommation est réel. La semaine dernière, l'OFDT et Santé publique en France ont complété leur étude conjointe, constatant un recul du tabagisme quotidien en France hexagonale. La consommation est même à un niveau historiquement bas.

"En 2023, plus de trois personnes de 18-75 ans sur dix déclarent fumer du tabac (31,1%) et 23,1% fument quotidiennement", relevaient-ils, évoquant "la proportion de fumeurs quotidiens la plus basse depuis la fin des années 1990".

Avec des différences en fonction des revenus mensuels: trois personnes sur dix (30,3%) gagnant moins de 1.160 euros fument tous les jours, soit près de deux fois plus que celles touchant plus de 2.510 euros (17%). De même, si la part des personnes au chômage déclarant fumer quotidiennement est élevée (35,7%), elle a baissé de dix points par rapport à 2021 (45,8%). 

De son côté, le vapotage continue d'augmenter, avec 6,1% des adultes qui fument tous les jours une cigarette électronique en 2023, contre 2,7% en 2017. "Près d'un adulte sur vingt (4,8%) dit à la fois fumer du tabac et vapoter, la moitié d'entre eux de manière quotidienne", poursuit l'étude, et les jeunes générations vapotent davantage tous les jours (7,1% des 18-24 ans et 8,7% des 25-34 ans contre 2% des 65-75 ans).

En revanche, les 18-24 ans sont moins nombreux à fumer des cigarettes tous les jours que les 25-34 ans, ce qui constitue un motif d'espoir dans la lutte contre le tabagisme, l'une des principales causes de décès en France.

Timothée Talbi