"Une aberration": Michel-Edouard Leclerc fustige l'autorisation de vente à perte de carburant

Comme ses concurrents Carrefour, Intermarché ou Système U, Leclerc n’a pas l’intention d’activer le levier de la vente à perte, pourtant exceptionnellement débloqué par le gouvernement face à la flambée des prix du carburants.
Michel-Edouard Leclerc l’a lui-même confirmé ce dimanche dans une interview accordée au JDD. "Non seulement les distributeurs sont vent debout contre les ventes à perte, mais ils n’ont pas la capacité de le faire", assure le président du comité stratégique des centres Leclerc, ajoutant que "le carburant représente de 20 à 25% du chiffre d’affaires" de certains distributeurs. "C’est donc inconcevable pour l’équilibre de nos comptes de vendre à perte".
"C'est incohérent"
Michel-Edouard Leclerc raconte avoir "été scié" par l’annonce du gouvernement d’autoriser la vente de carburant à perte. "Une fois au courant, nous nous sommes évidemment appelés entre concurrents – et néanmoins collègues – pour, chacun de notre côté, convaincre nos interlocuteurs au ministère de l’Industrie, à Bercy et à Matignon, que cette décision était une aberration et qu’il fallait ramasser les brouillons qui circulaient", poursuit le patron du groupe leader du secteur de la grande distribution.
Pour lui, cette mesure est "non seulement un couac mais c’est incohérent". "Dire, d’un côté, 'on vous autorise à vendre à perte et on verra plus tard le problème des petits pompistes' et, de l’autre, nous obliger à vendre 10% plus cher les produits alimentaires pour protéger les petits paysans, ne fait pas une politique très lisible", déplore-t-il. Sans compte que "la capacité des distributeurs de vendre à perte est marginale ; elle est limitée à quelques centimes (…)".
Michel-Edouard Leclerc estime qu’"au-delà d’un seuil psychologique cher, c’est-à-dire au-delà de deux euros, il n’y a que l’Etat qui puisse agir", soit en décidant de "baisser les taxes" soit en bloquant "les prix de sortie de raffinerie". "Ce prix est déterminant dans le prix de revente. Il suffirait de l’imposer aux opérateurs raffineurs", suggère le dirigeant pour qui "l’effort doit être fait par les pétroliers".