Que vous l'achetiez en boulangerie ou supermarché, la galette des rois risque de vous coûter plus cher cette année

Frangipane, pomme, fraise, pistache… Quel que soit le parfum, la galette des rois met (presque) tout le monde d’accord chaque année. Traditionnellement consommée pour l’Epiphanie, le 6 janvier, elle se vend durant tout le mois, des fois mêmes jusqu’en février. Une aubaine pour les boulangeries: "il y a 32.000 artisans boulangers-pâtissiers en France, qui font en moyenne 800 galettes chacun par an" estime Dominique Anract, président de la Confédération Nationale de la Boulangerie-Pâtisserie Française (CNBPF).
Un mois faste donc, puisque d’après une étude IFOP*, 94% des français déclarent consommer de la galette des rois et presque 1 français sur 2 déclare l’acheter dans une boulangerie.
Un plaisir qui a un coût puisque, comme le rappelle Dominique Anract "il n’y a que des produits nobles dans la galette". Entre la grippe aviaire qui pousse la production d’œufs au bord de la pénurie, le sucre touché par l’augmentation du prix des biocarburants et le beurre qui avait subi une hausse record l’année dernière… Toutes les matières premières ont vu leur coût grimper. Il ne reste qu’à y ajouter la crise de l’énergie et l’inflation à deux chiffres pour obtenir une galette des rois plus chère que l’année dernière.
"Le but c’est de vendre"
Les boulangers-pâtissiers devraient augmenter leurs prix de 3 à 5 % confirme le président du CNBPF, "même si les boulangers ont du mal à relever leurs tarifs". C’est le cas de Sahad Zerzour, de la boulangerie Mozart dans le 15ème arrondissement de Paris. "Je ne vais pas augmenter le prix des galettes des rois" annonce-t-il. Conscient de la baisse de pouvoir d’achat de ses clients, le boulanger a dû arbitrer: "c’est à nous de savoir si on préfère vendre avec une marge réduite ou pas du tout". Il a tranché: "le but c’est de vendre".
A Fabrègues, un petit village en Occitanie, le constat est le même. Pour Jérôme Michaux, patron de la Boulangerie Le Fournil, les dernières années ont été difficiles: "je n’ai pas eu le choix que d’augmenter deux fois en deux ans le prix des produits" témoigne-t-il. Alors, cette année, pas question d’augmenter le prix de la galette des rois, cette tradition si chère aux Français: "je vais prendre sur ma marge pour éviter le désarroi des clients" annonce le chef d’entreprise.
Les grandes surfaces augmentent leurs prix
Car les plus gros concurrents de Jérôme Michaux, ce ne sont pas les autres boulangeries du village, mais les grandes surfaces qui eux ont fait de la galette un produit d'appel. Alors qu'en boulangerie le prix d'une galette peut atteindre 20 euros, ce n'est pas la même chose au rayon boulangerie patisserie des enseignes de grande distribution. "Les supermarchés commencent à envoyer les galettes en octobre, novembre" se désole-t-il. Et surtout, elles les proposent à des prix défiant toute concurrence, comme cette promotion de l'enseigne Super U: 3,50 euros la galette frangipane six parts jusqu'au 31 décembre.
Pourtant, si certains boulangers semblent décidés à rogner leurs marges et ne pas augmenter les prix, les grandes surfaces vont elles augmenter les prix cette année. A l'exception de l’enseigne Intermarché qui a baissé son prix et s’est alignée sur ses concurrents, les supermarchés ont tous augmenté le prix de vente des galettes, comme le montre les relevés que nous avons effectués. Chez Auchan la galette 6/8 parts vendue moins de 7 euros l'année dernière flirte désormais avec les 8 euros (+15%). Même constat chez Carrefour qui a augmenté le prix de sa galette 6 parts de plus de 50 centimes (+8%). Chez Géant Casino, la galette des rois 6 parts sera désormais vendue au prix de 10 euros, contre moins de 7 euros l'an passé (+45%).
Et si vous êtes adeptes de la galette faite à la maison, attendez-vous également à une hausse de la facture. L'Insee relève qu'entre novembre 2021 et novembre 2022, le prix du beurre a augmenté de presque 20%, celui des œufs de plus de 16% et celui de la farine de 26%.
*Echantillon de 1003 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. La représentativité de l'échantillon a été assurée par la méthode des quotas (sexe, âge, profession de la personne interrogée) après stratification par région et catégorie d’agglomération. Les interviews ont eu lieu par questionnaire auto-administré en ligne (CAWI - Computer Assisted Web Interviewing) du 2 au 3 janvier 2018.