Pourquoi la France demande un encadrement européen des frais sur les cartes de paiement

Le 11/05/2024 à 14h09

Les frais générés par les cartes Visa et Mastercard qui ne comprennent pas le logo CB sont plus élevés mais nombreux sont les commerçants qui l'ignorent.

Bercy passe à l’offensive. Le ministère français de l’économie souhaite que la commission européenne mette en place lors de la prochaine mandature un encadrement des frais facturés aux commerçants par les deux géants du paiement par cartes, Visa et Mastercard.

La France reproche à ces deux sociétés américaines d’abuser de leurs positions dominantes pour faire grimper les frais qu’elles imposent aux commerçants. De fait, les consommateurs ont pu profiter ces dernières années d’une compétition plus importante. En plus des cartes que les banques proposent depuis toujours, avec le logo CB associé soit à Visa soit à Mastercard, d’autres cartes de paiement ont vu le jour.

Refuser une carte Visa ou Mastercard, c'est se tirer une balle dans le pied

Ces dernières sont émises par les nouveaux venus du secteur de la finance comme Revolut ou N26. Il s’agit aussi de cartes Visa ou Mastercard mais sans le logo CB. Des cartes qui ne coûtent pas plus cher à leur détenteur mais qui génèrent plus de frais pour les commerçants. Et s'ils les acceptent malgré tout, c’est qu’ils n’ont pas vraiment le choix. Refuser les paiements par Visa ou Mastercard, à la différence des cartes American Express, c'est l'assurance de perdre une grosse partie de son chiffre d'affaires.

Il y a encore, bien sûr, des commerçants, des restaurateurs, qui au moment de régler votre dû vous expliquent que leur terminal est en panne mais qu’un distributeur automatique n’est pas loin. Pour autant, refuser totalement les paiements par carte quand on gère un commerce sérieux reste suicidaire.

Le paiement sans contact a changé la donne

Selon les derniers chiffres de la Banque de France, 62% des transactions financières (hors espèces) ont été réalisées avec une carte bancaire. Et si cette dernière s’impose désormais c’est en grande partie du fait de l’option sans contact, popularisée durant la crise Covid. Dans six cas sur dix quand on paie par carte, c’est sans avoir à faire son code secret.

Le pli est donc pris du côté des clients et refuser les paiements par carte relève de l’exception. Les commerçants en sont bien conscients. Et en attendant d’obtenir un hypothétique encadrement européen, ils appellent déjà à plus de transparence sur ces frais. Selon un récent sondage réalisé par YouGov pour Satispay, plus des deux tiers d’entre eux n’ont pas d’idée précise de ce que ces moyens de paiement leur coûtent.