Paniers anti-inflation: Michel-Édouard Leclerc estime que ses magasins "n'en ont pas besoin"

Après Système U et Liddl, Carrefour s'apprête à lancer, mi-mars, son propre "panier anti-inflation" composé de 200 produits vendus en moyenne deux euros et "à prix bloqués". Le concurrent Leclerc botte en touche sur cette mesure. "Quand tout augmente, faut-il faire valoir son efficacité sur une liste limitée de produits?" questionne sur BFMTV ce dimanche soir Michel-Edouard Leclerc, président du comité stratégique des centres Leclerc.
Le groupe opte donc pour une autre stratégie: pas de panier anti-inflation mais des démarques sur un plus grand éventail de produits afin de "viser un large public".
"On fait des coups avec des opérations à prix coûtant. On casse les prix sur les masques, les autotests, la baguette... Ce sont des opérations de communication qui nourrissent la confiance des clients sur le fait qu'on est moins cher sur un panel plus large d'articles. Donc Leclerc n'a pas besoin d'un panier anti-inflation", estime-t-il.
Le président du comité stratégique des centres Leclerc rejette sur les industriels la responsabilité de la hausse des prix des produits alimentaires, qui s'est accélérée à 14,5% sur un an en février, selon une estimation provisoire de l'Insee. Selon lui, les 10% de hausse en moyenne que les agro-industriels ont réussi à imposer aux grandes surfaces lors des négociations qui viennent de s'achever vont se rajouter aux augmentations passées, si bien que les prix vont monter de 25% en 18 mois. Il a accusé sur Europe 1 les fournisseurs de ne pas avoir été "transparents" et déplore "une sorte de culture industrialiste qui se fait au détriment du consommateur".
Le flop du panier anti-inflation du gouvernement
Pressées d'agir pour freiner l'envolée des prix, les enseignes de la grande distribution ont multiplié ce dimanche les annonces de modération de prix, rendant superflu le projet de "panier anti-inflation" unique envisagé par le gouvernement. Mi-janvier, Bercy avait dit travailler à l'élaboration d'un panier qui devait comporter dans un premier temps une vingtaine de produits de première nécessité, puis une cinquantaine. Mais l'idée a buté sur l'impossibilité pour le gouvernement d'encadrer trop rigoureusement les prix, pour des questions de concurrence.
Sans attendre de projet gouvernemental, Système U a été, dès début février, la première enseigne à lancer son propre panier de "150 produits à prix coûtants" pour "une durée indéterminée", se contentant de la marge minimale prévue par la loi pour ces articles. Ce weekend, Carrefour, Intermarché et Monoprix lui ont emboîté le pas.
"Nous échangeons, et échangerons encore demain (lundi) de manière constructive, avec le ministre de l'Économie Bruno Le Maire et la ministre du Commerce Olivia Grégoire sur les solutions qui aideront les Français à faire face au choc de l'inflation qui percute leur pouvoir d'achat", a indiqué Thierry Cotillard, président du groupement Les Mousquetaires auquel appartient l'enseigne Intermarché.
Une réunion est prévue ce lundi matin à Bercy entre les deux ministres et la grande distribution, au cours de laquelle sera dévoilé un nouveau rapport de l'Inspection générale des finances sur les marges dans la filière alimentaire, depuis les agriculteurs jusqu'aux consommateurs en passant par l'industrie agro-alimentaire. Michel-Edouard Leclerc a fait savoir ce dimanche soir sur BFMTV qu'il n'assistera pas à cette réunion.