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Michel Biero (Lidl): "Je réduis ma marge de 2-3% quand j'achète français, mais mon image y gagne"

Michel Biero, le directeur exécutif de Lidl.

Michel Biero, le directeur exécutif de Lidl. - BFM Business

Inivité sur BFM Business, le directeur exécutif de Lidl assure que pour sauver l'agriculture française, le secteur doit acheter plus cher.

Il faut sauver l'agriculture française. Et c'est le patron d'un groupe de distribution d'origine allemande qui le dit. Alors que la part des terres labourables et de fruits et légumes français reculent en France depuis plusieurs années, Lidl continue de creuser le sillon du "made in France".

"60% de nos fruits sont importés, un poulet sur deux est importé, c'est impensable, déplore Michel Biero, le directeur exécutif de Lidl France. Chaque fois que c'est possible, je veux du français dans mon magasin."

L'enseigne multiplie les contrats dits tripartites entre les agriculteurs, les industriels et le distributeur afin de se mettre d'accord sur un prix d'achat des produits. Une démarche que le distributeur a engagée il y a plusieurs années mais qui porte ses fruits.

L'enseigne gagne des parts de marché depuis plusieurs années et pèse désormais 7% de la distribution française.

Cela peut paraître paradoxal qu'une des enseignes les moins chères du marché est aussi celle qui s'engage sur des prix d'achats plus élevés. Mais pour le patron de Lidl, ça n'a rien d'illogique.

D'abord parce que les accords tripartites ne représentent pas 100% des produits vendus dans les magasins. Sur le lait, il estime à 20-25% l'offre de produits achetée à un prix d'achat plus élevé.

"Plus de tracteur sur mon parking"

Des proportions cependant suffisamment élevées pour entamer la marge bénéficiaire du distributeur.

"Quand j'achète français, je vais réduire ma marge de 2 à 3% reconnait Michel Biero. Mais je sais que je suis gagnant au final. Je n'ai plus aucun tracteur [qui manifeste] sur mon parking et je gagne tellement en termes d'image."

Car Lidl ne lésine pas sur la dépense publicitaire pour le faire savoir aux clients. L'enseigne a dépensé jusqu'à 498 millions d'euros de publicité (en 2018) selon Kantar pour faire savoir notamment qu'il s'engageait auprès du monde agricole français.

Et alors qu'une nouvelle loi "Egalim 2" va être présentée à l'Assemblée par le député Grégory Besson-Moreau, le patron de Lidl assure y être très favorable.

"Acheter un litre de lait en dessous de 37 centimes, ce n'est pas possible, reconnaît le patron de Lidl. Un Lactalis ou un Sodiaal ne devraient pas pouvoir acheter un litre de lait en dessous de ce prix-là."

Et si Lidl assure vouloir aller plus loin dans sa démarche, l'enseigne reconnaît que ce n'est pas toujours possible. La faute à un monde agricole français qui n'est pas suffisamment bien organisé pour fournir des produits au distributeur.

"Quand un éleveur m'appelle, je ne peux parfois rien faire, assure Michel Biero. Je ne peux pas moi transformer ses bêtes. Il faut qu'ils s'organisent. Quand on fait des accords tripartites, il faut que ce soit avec des groupements d'agriculteurs."
Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco