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Les industriels veulent aussi renégocier les prix des produits non-alimentaires

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Les industriels demandent que la réouverture des négociations commerciales s'applique aux produits non-alimentaires car ils sont aussi confrontés à la hausse des prix des emballages et de l'énergie.

Le consensus est général face à l'urgence de la situation: les prix des denrées alimentaires ne reflètent plus le coût réel de fabrication. Distributeurs, transformateurs et industriels ont signé une charte d'engagement pour réévaluer à la hausse les prix en rayons. Les distributeurs promettent d'être souples dans l'analyse des clauses de revoyure et de ne pas appliquer de pénalités logistiques s'ils sont prévenus à l'avance. Les industriels, eux, s'engagent en toute transparence à justifier les hausses et à répartir les livraisons équitablement entre les enseignes en cas de rupture de stock.

Cette charte, qui n'a pas de valeur contraignante, doit donner le ton pour la réouverture des négociations commerciales. À l'heure actuelle, 10% des contrats font d'ores et déjà l'objet de renégociation – le ministère de l'agriculture s'attend à 50% à la fin du mois. Cela pourrait être beaucoup plus si les produits non-alimentaires sont intégrés dans le dispositif, comme le réclame les industriels qui dénoncent un "deux poids deux mesures" alors qu'ils sont confrontés aux mêmes problématiques de hausse des prix des emballages et de l'énergie.

Emballages, transport, énergie…

Cosmétiques, produits d'entretien, petit électroménager… Ces produits se retrouvent "dans votre panier quand vous faites vos courses" au même titre que l'alimentation, souligne Richard Panquiault, président de l’Institut de liaison des entreprises de consommation (Ilec), sur BFM Business. "Quand on regarde les augmentations de tarifs que proposaient les industriels cette année, y compris en alimentaire, quasiment les deux tiers de ce qui faisait [ces] augmentations n'avait rien à voir avec la matière première agricole", mais plutôt les emballages, le transport ou l'énergie, explique-t-il.

La guerre en Ukraine "s'ajoute à un contexte de déflation qui date de dix ans. Cela fait dix ans, qu'année après année, les industriels du non-alimentaire […] vendent moins cher à leurs distributeurs. Quand vous faites le cumul, c'est quasiment une baisse de 20 points du prix auquel les industriels vendent aux distributeurs. Quand vous rajouter à cela une inflation extravagante […], il y a bien un moment où la corde casse", assure le représentant des fabricants des produits de grande marque.

Les relations avec les distributeurs risquent "d'être extrêmement tendues dans les mois qui viennent", estime Richard Panquiault, parce que les industriels "n'ont absolument pas d'autre choix que de passer des augmentations de tarifs qu'ils n'ont pas réussi à passer depuis dix ans".

Hélène Cornet et Jérémy Bruno