Les Français achètent moins de produits mais c'est une bonne nouvelle pour la consommation

Alors que la vente de produits avait déjà reculé en 2018 dans la grande distribution, le début d'année 2019 marque un recul encore plus important. Mais ils achètent moins, ils dépensent plus malgré tout.

C'est un mouvement de fond qui commence à prendre de l'ampleur. Depuis quelques mois maintenant, les Français achètent moins de produits en grande distribution. On parle de phénomène de déconsommation. Cela a débuté en 2016 avec un léger recul de 0,2% (le premier depuis la crise de 2008) et ne cesse de prendre de l'ampleur depuis. En 2018, les volumes avaient reculé de 0,8% et sur le premier semestre 2019, ils sont en retrait cette fois de 1% selon Iri, notent Les Echos. 

Les clients bouderaient-ils la grande distribution au détriment d'autres circuits de vente? Apparemment pas selon Iri qui assure que le trafic est resté stable dans les magasins. Même dans les hypermarchés, les plus touchés par le phénomène, la fréquentation a légèrement reculé mais dans des proportions moindres (-0,4%).

Cette déconsommation traduit-elle alors une crise de la consommation et du pouvoir d'achat? Il semblerait que ce soit le contraire. Car s'ils achètent moins, les consommateurs français dépensent pourtant plus en grande surface. "Le retour de l'inflation et la valorisation permettent, malgré la baisse des volumes, une croissance du chiffre d'affaires", assure-t-on du côté d'Iri. Après trois ans de déflation causée par la guerre des prix en grande surface, les prix ont remonté en 2019 avec la loi Egalim qui a relevé le seuil de revente à perte (+1,39%).

La montée en gamme des discounters

Mais si les consommateurs dépensent plus du fait de l'inflation, ils achètent aussi des produits plus coûteux. En somme, ils consomment moins mais mieux. Produits bio (+13% de vente en 2018), fruits et légumes locaux mais aussi innovations des industriels comme le Nutella Biscuits lancé cette année qui a fait une percée spectaculaire en rayons (9,6 millions d'euros en trois mois). La consommation française est en voie de premiumisation comme en témoigne la montée en gamme d'un Lidl qui ne se revendique plus comme une enseigne discount depuis quelques années et dont les ventes ne cessent de grimper. 

Iri note ainsi que la hausse du chiffre d'affaires au premier semestre en grande distribution était la deuxième plus haute depuis cinq ans. Les ventes ont ainsi progressé de 1,5% depuis le début de l'année contre +0,9% en 2018 et +1,4% en 2017 sur la même période. Bref la déconsommation des produits de grande consommation est finalement et paradoxalement une bonne nouvelle pour les grandes surfaces. "La déconsommation intervient alors que le moral des ménages est plus haut que jamais", confirme ainsi Emily Meyer, analyste d'Iri dans Les Echos. 

https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco