BFM Business
Conso

Les consommateurs aisés, cadres et urbains achètent les deux tiers des produits bio vendus en France

-

- - Pexels

Les gros acheteurs de bio en France sont aisés et urbains et y consacrent 12% de leurs dépenses alimentaires selon Nielsen.

Le bio continue son inexorable progression en France. Les ventes de produits bio continuent à croître de plus de 20% dans la grande distribution, comme les trois années précédentes. Un marché tiré par une offre qui progresse chaque année. En 2018, il y avait 25% de références de produits bio par rapport à 2017. Cette année, la croissance du nombre de produits est de 28%

Résultat, le bio grignote chaque année un peu plus de part de marché dans les rayons de produits frais en libre-service (charcuterie, viandes, produits laitiers, fruits et légumes...). Le poids du bio a presque doublé depuis 2015. Il était cette année-là de 2,5%, il est monté à 4,1% en 2018 et atteint les 4,8% sur les huit premiers mois de cette année.

Bio
Bio © Nielsen

Pour autant, le bio peut-il continuer à progresser indéfiniment? Selon Nielsen, la marge de progression existe, mais le bio finira tôt ou tard par plafonner. Le panéliste estime ce plafond à 11% des ventes globales en grande distribution.

"Les catégories où le bio est fort sont avant tout des catégories de matières premières, produits non transformés, oeufs, lait, farine, miel, jus de fruit, indique Isabelle Kaiffer, directrice consumer chez Nielsen. Et même sur ces catégories fortes en bio, le niveau de part de marché du bio dépasse rarement 12%. Sachant que le bio atteindra plus rarement le même niveau sur des produits transformés, la moyenne de toutes les catégories des produits de grande consommation dépassera difficilement 11%."

Les acheteurs habituels font grossir le bio

Le bio ne conviendrait donc qu'à un segment de consommateurs français. En effet, selon Nielsen, deux achats de produits bio sur trois sont le fait de 20% des Français. Et ces gros acheteurs de bio qui y consacrent 12% de leur budget sont à l'origine de 76% de la croissance du secteur. Autrement dit, si le bio progresse c'est surtout parce que les acheteurs habituels en achètent davantage plutôt qu'en élargissant sa cible. 

Qui sont donc ces Français gros consommateurs de bio? Ils sont généralement plutôt aisés, plus âgés que la moyenne des consommateurs (la moyenne d'âge est de 49 ans en France), cadres et urbains (principalement franciliens). Des populations qui ont un pouvoir d'achat élevé a priori. On pourrait penser que cela est dû au prix élevé du bio mais cela n'est peut-être pas la seule raison. D'autres produits chers sont sur-consommés par exemple par des populations moins aisées. C'est le cas de la viande davantage consommée par les ouvriers (178 grammes par jour selon le Credoc) que les cadres (140 grammes par jour). 

Surtout les consommateurs interrogés jugent normal que les produits bio coûtent plus chers. Notamment les jeunes qui n'ont pas le pouvoir d'achat le plus élevé. Selon une étude de l'Agence bio, 47% des 18-24 ans considèrent que les produits bio doivent être plus chers. Une génération par ailleurs plus sensible à l'environnement et au bien-être animal (37% y montrent de l'intérêt contre 28% pour l'ensemble de la population). Une génération qui lorsqu'elle consommera massivement fera peut-être sortir le bio de sa niche. A condition que l'agriculture bio réussisse à satisfaire la demande.

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco