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Le "Nutri Perso" veut devenir la version réaliste du Nutri-Score

Plutôt qu'une notation unique, le "Nutri Perso" de myLabel propose d'évaluer différemment un produit en fonction de l'âge et du sexe du consommateur.

Une tablette de chocolat noir? Nutri-Score "E", le pire. Trop de sucre, trop de gras. Mais un carré de chocolat pour une femme âgée de 40 ans? Le feu est vert.

Cette idée d'un Nutri-Score personnel est proposée par l'application myLabel, qui lance son propre indicateur nutritionnel, "Nutri Perso". Ce barème, développé avec le Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (Crédoc) et l'Institut national de la consommation (INC), varie selon le profil de l'utilisateur. L'objectif: rendre le fameux Nutri-Score plus réaliste et finalement moins culpabilisant.

Le Nutri-Score est "utile", mais il "fait culpabiliser le consommateur" lorsqu'il achète certains produits mal notés "et il cesse de l'utiliser", estime Christophe Hurbin, fondateur de l'application, lors d'une conférence de presse. "On veut apporter de la nuance. Oui, ce produit est sucré, il n'y a aucun doute, mais on peut le consommer" de façon raisonnable, poursuit-il.

Fromage et chocolat

Le Nutri-Score attribue une note unique de A à E en fonction de la teneur en nutriments à favoriser (fibres, protéines…) et à limiter (acides gras saturés, sucres…) pour une portion de 100 grammes ou 100 millilitres. L'idée du "Nutri Perso" est d'obtenir un score plus proche de la réalité, en fonction de l'âge, du sexe et de la portion moyenne consommée par une personne de même profil, en utilisant une échelle de 0 à 100.

Nutri Perso
Nutri Perso © MyLabel
"Le fromage est un cas typique où la note est toujours défavorable avec le Nutri-Score. La portion de 100 grammes qui est prise en compte est deux à trois fois supérieure à ce que l'on consomme généralement. De même avec le chocolat", avance Christophe Hurbin, qui assure ne pas vouloir remplacer le Nutri-Score. "C'est un complément à ce que l'on trouve sur l'emballage", avance-t-il.

Par exemple, une bouteille d'un litre de jus d'orange affiche un Nutri-Score "C" et une note "bonne" de 59/100 de couleur verte sur l'application Yuka, dont 60% de la note est issue de ce Nutri-Score. Le "Nutri Perso" de myLabel, lui, attribue une note de 10/100 de couleur rouge à cette même bouteille, évoquant un produit "à éviter", dans le cas d'une femme française de 30 à 39 ans qui en consomme 180ml en moyenne.

Le Nutri-Perso se veut plus réaliste
Le Nutri-Perso se veut plus réaliste © MyLabel

À l'inverse, un pot de confiture de cerises affiche un Nutri-Score "D" et une note "médiocre" de 37/100 de couleur orange sur Yuka. Contrairement au "Nutri Perso" qui attribue une note de 70/100 de couleur verte à cette même confiture de cerises, arguant d'une "très bonne qualité nutritionnelle", dans le cas d'une femme française de 30 à 39 ans qui en consomme 40 grammes en moyenne.

Portion moyenne

Reste que, pour que ce soit pertinent, l'utilisateur du "Nutri Perso" doit s'en tenir à la portion moyenne consommée par ses semblables, d'autant plus que les apports nutritionnels recommandés s'inscrivent dans une consommation globale. Le "Nutri Perso" pourrait en tout cas répondre aux critiques des producteurs AOP envers le Nutri-Score qui se plaignent d'être systématiquement visés par une note défavorable.

Jérémy Bruno et Thomas Leroy