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La vente en ligne de vêtements d'occasion ne s'est jamais aussi bien portée

Les ménages consacrent aujourd'hui 4% de leur revenu disponibles contre 8-9% dans les années 60.

Les ménages consacrent aujourd'hui 4% de leur revenu disponibles contre 8-9% dans les années 60. - JamesDemers- CC

Désireux de respecter l'environnement et de maitriser leurs dépenses, de plus en plus de Français se tournent vers les sites comme Vinted et Videdressing. Un tiers des consommateurs affirment avoir acheté des vêtements d'occasion sur internet.

Les friperies ont pris un coup de vieux, avec l'essor des sites d'achat en ligne de vêtements d'occasion. Le secteur est réservoir de croissance prometteur, porté par l'envie croissante des consommateurs d'acheter responsable. Selon l'observatoire économique de l'Institut Français de la Mode, le marché de seconde main est évalué à un milliard d'euros en 2018 dans l'Hexagone, avec notamment un tiers des consommateurs qui affirment avoir acheté des vêtements d'occasion sur internet.

Pour Éléonore, 31 ans, au Smic, "acheter moins cher" a été la motivation première de son arrivée sur l'application spécialisée Vinted. "Je suis également dans une démarche de consommer moins: on entasse trop de choses et ça encombre l'esprit", confie à l'AFP cette assistante d'éducation avant de conclure: "de plus, ce n'est pas écologique".

Une opinion que partage Elise, médecin de 38 ans, qui s'est inscrite "dans un esprit d'écoresponsabilité et de minimalisme".

Des dépenses pour les vêtements en baisse

Pour Cédric Rossi, analyste chez Bryan, Garnier & Co, "on peut certes mettre en avant la motivation écologique" pour expliquer le développement de ce marché, mais ce qui y a surtout contribué, c'est l'intelligence artificielle, le numérique "qui a permis de faciliter le business +peer to peer+, celui qui met en relation un consommateur et un autre consommateur", via des applications pour smartphones, et la croissance d'acteurs de la logistique tels que Mondial Relay.

Au-delà de ces données, deux tendances lourdes ont permis l'éclosion de ce nouveau marché. La première, explique Cédric Rossi, "c'est que les ménages ont basculé leurs dépenses" vers moins de textile, de l'ordre de 4% de leur revenu disponible contre 8-9% dans les années 60. L'autre étant que les "millenials" (les 17-35 ans) sont "moins attachés à la propriété" que leurs aînés.

Le vintage et le décalé ont la cote

Par ailleurs, si auparavant on achetait les vêtements dans le but de les conserver longtemps, aujourd'hui il est beaucoup plus courant de "faire tourner" sa garde-robe, même si la "fast-fashion" des Zara, H&M et consorts séduit moins. Et Cédric Rossi de rappeler qu'il y a 20 ans déjà, on utilisait eBay après avoir effectué un tri dans ses placards. Aujourd'hui, un vêtement est encore vendu toutes les 20 secondes sur le site de vente aux enchères.

Pour Sarah Tayeb, responsable du pôle vendeurs chez eBay.fr, on assiste à "une nouvelle manière d'approcher la mode à la fois plus responsable et plus créative, où le vintage et le décalé viennent s'ajouter ou se substituer aux offres de la +fast-fashion+".

Les consommateurs se tournent aussi vers LeBonCoin, et sa filiale Videdressing pour le luxe, et surtout Vinted, qui revendique 21 millions de membres répartis dans 10 pays.

Coralie Cathelinais avec AFP