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La production de miel en forte hausse en France, grâce au confinement?

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- - Fred TANNEAU / AFP

Après une mauvaise année 2019, l'année en cours devrait être excellente pour la production de miel en France. Plus que le confinement, les abeilles ont profité d'une météo favorable en ce début d'année.

Les abeilles ont-elles fait leur miel de la crise actuelle? Alors que la France sort de deux mois de confinement au cours desquels la nature a repris ses droits et la qualité de l'air s'est améliorée, la production de miel est repartie à la hausse en France. 

Selon le réseau de producteurs Un toit pour les abeilles, la récolte de miel a démarré fort cette année. "En apiculture, on ne récolte que les surplus de miel grâce à des cadres (les hausses) que l’on vient poser (généralement courant avril) sur les ruches, explique un porte-parole du réseau à Ouest France. Cette année, les apiculteurs ont dû mettre en place leurs hausses dès la première semaine de mars."

La diminution de l'activité humaine sur l'écosystème aurait-elle favorisé cette précocité? Sans doute un peu, estiment les apiculteurs mais marginalement.

"Ce qui a surtout favorisé le développement des colonies d'abeilles, c'est la météo qui a été très favorable cette année, explique Dominique Céna, apiculteur en Ile-de-France et porte-parole de l'Union nationale de l'apiculture française (Unaf). On a eu un début de printemps doux avec ni trop de pluie, ni trop peu. Des conditions idéales après une année 2019 catastrophique." De plus l'absence de vent a protégé les fleurs fragiles comme celles d'acacia dont le miel est le plus consommé en France.

L'année dernière, la production de miel avait atteint un plancher de 10.000 tonnes. Et si elle est estimée plutôt à 15.000 tonnes par le ministère de l'Agriculture, cela reste très loin des meilleures années (35.000 tonnes par an à la fin des années 90). L'année 2019 avait été particulièrement peu favorable à la production de miel avec un printemps froid et l'arrivée soudaine de la canicule en juin. 

La France importe les deux tiers de son miel 

Est-ce que 2020 permettra de renouer avec les grandes années de production? Encore trop tôt pour le dire.

"Nous avons eu un printemps exceptionnel mais on ne sait si ça va continuer, explique Dominique Céna. Les floraisons ont entre trois semaines et un mois d'avance. Mais peut-être que les abeilles n'auront plus rien à manger en juin alors qu'en général la production décline en août, période au cours de laquelle les mâles sont éjectés des ruches car ils ne produisent pas de miel."

Il faudra certainement plus de temps pour retrouver les sommets des productions d'antan. La France a interdit en 2018 l'usage des pesticides néonicotinoïdes (utilisés pour protéger les semis) considérés comme des tueurs d'abeilles. "Mais ces produits ont une durée de vie de 1000 jours dans les sols, explique Dominique Céna. On ne les a interdit qu'en 2018, ils sont encore très présents." D'autant que d'autres menaces planent toujours sur les abeilles et qui expliquent la disparition de 300.000 colonies chaque année sur le territoire comme le frelon asiatique ou le Varroa, un parasite importé d'Asie. 

Avec une production en baisse depuis des années, la France doit fortement importer le miel qu'elle consomme. Les 50.000 apiculteurs français n'en produisent pas plus de 15.000 tonnes par an en moyenne, soit un tiers seulement de la consommation annuelle du pays. 

Résultat: les importations de miel ont doublé en 10 ans en France et dépassent les 28.000 tonnes par an, soit le double de la production hexagonale. Six pays fournissent à eux seuls 85% du miel importé en France. Les trois principaux étant l'Espagne (23%), l'Ukraine (22%) et l'Allemagne (11%). 

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco