Interdiction des produits non essentiels: baisse de fréquentation de l'ordre de 20% chez Intermarché

Par souci d’équité avec les petits commerçants contraints de baisser le rideau, la grande distribution a reçu l’ordre mardi dernier de ne plus vendre les produits jugés "non essentiels" dans ses magasins. Une interdiction qui "a un impact réel", a relevé ce lundi sur BFM Business Thierry Cotillard, président d’Intermarché et Netto. Et pour cause, elle s’est traduite dans ses hypermarchés par une baisse de fréquentation "de l’ordre de 20%" et une chute de chiffre d’affaires d’environ 15%.
Thierry Cotillard a néanmoins dit avoir conscience que les petits commerçants sont "les plus en difficulté", avant de se montrer critique à l’encontre des récentes décisions gouvernementales: "On comprenait l’équité (…) mais on défendait surtout le fait de ne pas fermer les petits commerces", a-t-il rappelé.
Pour soutenir ces derniers, Intermarché et Netto a ouvert une boutique digitale baptisée "le drive solidaire". Une solution qui leur permet de déposer leur offre en ligne. "Le client de Lorient pourra aller sur le site du drive de l’Intermarché de Lorient et ira collecter son livre à la boutique du libraire de Lorient. C’est une alternative très locale à laquelle on croit beaucoup", a-t-il expliqué.
"On est un peu le petit village gaulois qui veut résister" à Amazon, a poursuivi Thierry Cotillard. Selon lui, il y aura à l’avenir "des géants mondiaux comme Alibaba et Amazon et (…) des champions nationaux" qui mêleront commerce digital et physique.
"Croissances incroyables" sur le drive
Si la grande distribution a vu sa fréquentation baisser en magasin depuis la fermeture des rayons de produits "non essentiels", le secteur se porte toujours très bien, a reconnu Thierry Cotillard. "Il n’y a pas de chômage partiel", a-t-il dit. Et d’ajouter: "On a une activité qui est plus importante (qu’avant la crise, ndlr)", même si "beaucoup moins forte que lors du premier confinement".
En effet, "les écoles sont ouvertes, les cantines tournent, donc ce sont des repas qui ne passent pas dans les mains de la GMS (Grande et moyenne surface, ndlr). Mais on reste en croissance et le sujet n’est pas de mettre du personnel au chômage partiel".
La grande distribution est même en manque de main d’œuvre, notamment pour son activité drive qui affiche des "croissances incroyables" de l’ordre de "80-100%", a souligné le patron d’Intermarché et Netto, indiquant faire appel à des sociétés d’intérim pour être en capacité de répondre à la demande.
Par ailleurs, l’enseigne réalloue ses équipes: "Par exemple, quand vous fermez votre rayons jouets, les gens qui travaillent sur ce rayon, il est hors de question de les mettre au chômage. On les met à la préparation du drive. Parce que nos hypermarchés aujourd’hui font 8% de leur chiffre d’affaires en drive, contre 3-4% d’habitude", a souligné Thierry Cotillard.
Avant de conclure en expliquant que 100% des magasins Intermarché disposeront d’un service de drive en 2022.