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Inflation: l'enseigne de hard-discount Toujust cartonne pour l'ouverture de son premier magasin

Grâce à un modèle simplifié qui associe ses fournisseurs à son capital, le nouveau distributeur promet des produits 5 à 10% moins chers que chez les enseignes concurrentes. De nombreux clients étaient présents hier pour l'inauguration du premier magasin Toujust à Alès dans le Gard.

C'est une ouverture qui fait grand bruit en cette période de forte inflation alimentaire. La nouvelle enseigne de hard-discount Toujust a accueilli plusieurs centaines de clients à l'occasion de l'inauguration de son premier magasin hier à Alès dans le Gard. Alors que la menace d'un "mars rouge" plane sur les rayons des supermarchés français, le distributeur fait la promesse de produits 5 à 10% moins chers que chez les concurrents. Il n'en fallait pas moins pour que Toujust réalise une première journée d'exploitation au-delà de ses espérances avec un chiffre d'affaires de 48.000 euros, soit 20% de plus que les prévisions.

Parmi les produits qui ont été pris d'assaut, l'huile vendue à un prix imbattable de 1,39 euro le litre figure en tête. "Nous avons une offre sur l’huile de tournesol qui a fait un véritable tabac et je pense que nous avions prévu trois palettes mais nous aurions dû prendre deux camions, indiquait hier soir sur BFMTV le fondateur de l'enseigne Fabrice Gerber qui promet d'autres arrivages ce jeudi. Mais comment Toujust parvient-elle à pratiquer des prix si faibles dans un contexte de hausse généralisée des prix?

Des contrats de coopération commerciale pénalisants

Dans la grande distribution depuis 25 ans, Fabrice Gerber déplore les "codes figés" qui régissent les relations commerciales entre fournisseurs et distributeurs. Le modèle de Toujust entend les simplifier en supprimant les intermédiaires. Fini le traditionnel contrat de coopération commerciale, place au pacte d'associés qui permet aux fournisseurs de participer au capital de Toujust et de percevoir à la fin de chaque année 25% du bénéfice. "Tous nos fournisseurs sont associés à notre modèle, ils ont une vraie motivation pour avoir les prix les plus bas puisqu’il s’agit de leur résultat", estimait le fondateur ce matin sur BFMTV.

"L’inflation est provoquée par des lois et ces contrats de coopération commerciale. Quand on parle de pénalité logistique et de RFA (ristournes de fin d'année), ça a un impact sur l’inflation."

Concrètement, Toujust se jette sur les produits invendus dans la grande distribution en raison de problématiques liées aux stocks et les rachète à des prix défiant toute concurrence. "On fonctionne sur les opportunités, des opérations courantes au jour le jour et sur des produits qui sont mis sur le marché et qui proviennent d’un mauvais accord avec un grand groupe, détaille Fabrice Gerber. Quand une grande enseigne se fâche avec un grand groupe, elle va réduire sa commande et forcément ce grand industriel va se retrouver avec des sur-stocks sur les bras et devoir les revendre."

"Et pour les revendre, étant donné qu’il n’y a pas de contrat cadre, il va tirer son prix le plus bas possible et aujourd’hui, tout en respectant la législation SRP (seuil de revente à perte) de 10%, on est en mesure de vendre un produit gazéifié moins cher que l’ensemble de la distribution", cite le fondateur.

Objectif de 40 magasins en France dès cette année

Cependant, tous les fournisseurs ne goûtent pas au modèle prôné par Toujust: "Aujourd’hui on a 50% des entreprises qui ont refusé de nous livrer. Ce sont souvent des PME qui font au-delà de 50 millions d’euros de chiffre d’affaires et ce n'est pas une problématique de prix. C’est plutôt la peur des possibles représailles, sachant qu’on était en pleine période de négociations des accords, et elles ont dit "techniquement, on ne peut pas s’associer au capital d’une enseigne si on se devait de perdre un de nos clients derrière"."

La nouvelle enseigne française de hard-discount ne compte pas s'arrêter là et s'est fixée l'objectif d'ouvrir 40 magasins en France en 2023 et de dépasser le seuil des 300 supermarchés à l'horizon 2026.

Timothée Talbi