Inflation alimentaire: Bercy songerait à organiser les négociations commerciales plus tôt

Bercy avance ses pions pour accélérer la baisse de l'inflation alimentaire qui reste élevée en cette rentrée. Ce mercredi matin, le ministre de l'Économie Bruno Le Maire et la ministre déléguée, notamment au Commerce, Olivia Grégoire se sont entretenus avec des représentants de la grande distribution à ce sujet. La problématique du calendrier des négociations commerciales est notamment revenue sur la table et plusieurs pistes seraient envisagées par le gouvernement pour y remédier, selon le magazine spécialisé LSA.
Traditionnellement organisées entre le 1er décembre et le 1er mars, le ministère de l'Economie souhaiterait les anticiper de manière exceptionnelle cette année en les achevant au 31 décembre 2023 pour répercuter les baisses de prix le plus vite possible. "On a demandé à pouvoir renégocier vraiment et le plus vite possible" pour répercuter dans les rayons des supermarchés la baisse des coûts de production de nombreuses denrées, a expliqué le délégué général de la fédération patronale de la grande distribution (FCD), Jacques Creyssel, à l'issue de la réunion.
"L'enjeu est de faire en sorte que les grands industriels, notamment étrangers, veuillent bien enclencher les renégociations pour ne pas attendre mars prochain", a-t-il martelé. [...] Cela peut passer par la loi ou par un accord avec un engagement de la part des industriels, comme notre secteur l'avait fait l'an dernier" quand les coûts de production étaient cette fois orientés très à la hausse.
Plusieurs négociations commerciales par an
Bercy semble également ouvert à un alignement avec une demande régulièrement formulée par les patrons de la grande distribution depuis plusieurs mois à savoir une flexibilité des négociations commerciales. Alors que ces dernières ont lieu chaque année sur une période bien précise, une mission parlementaire pourrait être lancée prochainement pour permettre de réviser les tarifs à plusieurs reprises dans l'année. "La difficulté de ce sujet, c'est que nous négocions une fois par an pour des prix qui s'appliquent tout le reste de l'année", soulignait plus tôt ce matin sur Radio Classique le président de Système U, Dominique Schelcher, dénonçant un "système qui nous enferme et derrière lequel les industriels (...) se réfugient".
Lors du dernier épisode de négociations commerciales conclu en mars dernier, le prix moyen payé par les supermarchés aux industriels s'est apprécié de 9%. Mais le prix d'un certain nombre de matières premières a décru depuis et le gouvernement a appelé les différentes parties à se remettre autour de la table des négociations. Mais "sur 75 multinationales, une dizaine seulement avait répondu à l'appel de Bruno Le Maire" de baisser les prix, a déclaré mercredi dans un message le directeur exécutif achat et marketing de Lidl France Michel Biero. Il a estimé que la réunion avec Bercy a "été très positive et annonciatrice de mesures concrètes".
Élargissement des paniers "anti-inflation"
Olivia Grégoire l'avait lancé sur le plateau de BFM Business en marge de la Rencontre des entrepreneurs de France (REF) ce lundi. "Sur 20.000 références, les distributeurs ont baissé les prix sur environ 1.000 produits, avait constaté la ministre déléguée au Commerce. [...] On va demander aux industriels d'élargir le nombre de références concernées par ces baisses de prix." D'après LSA, les grandes surfaces ne devraient pas tarder à doubler le nombre de références de leurs paniers "anti-inflation" dont le prix serait maintenu jusqu'à la fin de l'année.
Bercy pourrait aussi accéder à la demande faite hier par le PDG de Carrefour Alexandre Bombard, également nouveau président de la FDC, en faveur d'un "moratoire" sur l'application de la loi Descrozaille. Pour rappel, cette dernière encadre les promotions des produits de soin et d'hygiène et doit entrer en vigueur en mars 2024 et est fustigée par la distribution qui la considère comme une loi inflationniste.
Enfin, le Conseil de la consommation pourrait lancer une enquête sur le phénomène de "shrinkflation" qui désigne la réduction des quantités sans changement de prix afin de masquer l'inflation. La menace du "name and shame", encore récemment brandie par Bruno Le Maire, pourrait être exécutée à l'encontre de deux grands groupes étrangers qui pourraient voir cités le nom de leurs marques refusant de baisser leurs prix. Jeudi, ce sera au tour des industriels d'être reçus par le patron de Bercy et Olivia Grégoire.