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Gérard Mulliez, fondateur d'Auchan: "mon refus de nous allier avec Carrefour, mon dernier combat"

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Défenseur d'une agriculture durable et respectueuse de la santé des consommateurs, le membre de la très fortunée famille du nord de la France reste fermement opposé à un mariage avec le groupe concurrent Carrefour.

Si Gérard Mulliez, le fondateur de l'enseigne Auchan se préoccupe aujourd'hui essentiellement de la culture de ses légumes et se tient loin du monde des affaires, il continue à s'opposer fermement à une association avec le groupe concurrent Carrefour. "Mon refus de nous allier avec Carrefour, c’est mon dernier combat. Au-delà, je ne me préoccupe plus des affaires des entreprises", a-t-il expliqué dans une interview à La Voix du Nord.

A l'automne 2021, le groupe Auchan avait tenté une prise de contrôle de Carrefour. Si cette tentative s'était finalement soldée par un refus de l'enseigne concurrente, elle avait divisé le clan familial.

Gérard Mulliez avait vivement réagi à ce rapprochement.

"Il n’est pas question de discuter et d’échanger pour se rapprocher de quiconque, encore moins de vendre Auchan ou de réaliser je ne sais quelle opération financière avec un concurrent", avait-il tranché dans un communiqué transmis à La Voix du Nord.

En choisissant, au fil des décennies, de diversifier ses activités au-delà de la grande distribution alimentaire, l'association familiale Mulliez (AFM) est aujourd'hui à la tête d'un empire. Les enseignes Boulanger, Pimkie, Decathlon, Kiabi et Jules notamment sont aujourd'hui détenues par le groupe.

"Maintenant on sait!"

Et s'il a été un acteur phare du développement de la grande distribution en France, il en critique aujourd'hui les fondements. Le patriarche ne jure aujourd'hui que par l'alimentation issue de l'agriculture biologique et de la permaculture.

"Ça vient de loin, à dix ans je vendais à ma mère les œufs du poulailler et les légumes d’un petit carré de potager à moi dans le jardin de ma grand-mère pour gagner mon premier argent de poche...", a-t-il raconté au journal local.

Interrogé sur le paradoxe d'avoir contribué à démocratiser un modèle commercial guidée par une logique productiviste, loin des circuits courts qu'il défend aujourd'hui, l'ancien homme d'affaires de 91 ans se défend. "Mais on ne savait pas à l’époque, maintenant on sait! Personne avant ne se posait la question d’une meilleure alimentation!", a-t-il réagi ce lundi.

"Dès les années 50, on a commencé à empoisonner la France avec des produits chimiques dans les sols, pour nourrir les gens. Le coût de la Sécurité sociale augmente parce que les gens mangent mal, c’est scandaleux", a-t-il déploré.

Nina Le Clerre