Casino confirme la vente d'une vingtaine d'hypermarchés

Le groupe est lourdement endetté - Casino
La direction du groupe de distribution Casino a confirmé vendredi 5 octobre aux syndicats la cession d'"une vingtaine d'hypermarchés", sans davantage de précisions, ainsi qu'un projet de restructuration de sa branche restauration, a-t-on appris de sources syndicale.
La confirmation de ce projet a été faite à l'intersyndicale CFDT, CFE-CGC, CGT et Unsa à l'occasion d'une rencontre avec le directeur général Julien Lagubeau et le directeur financier Antoine Giscard d'Estaing.
La cession d'une vingtaine d'hypermarchés, sur 110 en France, pourrait concerner environ 2000 salariés. Les revenus des activités hypermarchés du groupe ont fondu de 6,1 à 4 milliards d'euros entre 2008 et 2017.
"Aucune liste de magasins" n'a été communiquée par la direction, qui n'a pas non plus établi de calendrier pour ce projet, a précisé l'intersyndicale dans une déclaration consultée par l'AFP.
Selon La Tribune Grande Conso du spécialiste de la distribution Olivier Dauvers, il s'agirait de magasins situés dans des zones où la population décroît, et perdraient chacun en moyenne 2 millions d'euros par an. "Casino demeure le plus mauvais élève de la classe avec 6200 euros de chiffre d'affaires annuel au m² lorsque les autres dépassent les 10.000 euros", expliquait-il.
Repreneurs
La direction a confirmé qu'elle "est en contact avec d'éventuels repreneurs et que toutes les propositions seront étudiées", a ajouté l'intersyndicale.
Des marques d'intérêt émanant de "System U, Leclerc et Intermarché" ont déjà été enregistrées, a indiqué de son côté à l'AFP le SNTA-FO, premier syndicat au sein du groupe de distribution, faisant état des propos de la direction lors de la réunion.
Interrogé par l'AFP, le groupe Casino a tempéré ces annonces. "Il n'y a pas eu d'annonce stricto sensu de cession de 20 hypermarchés", a affirmé un porte-parole du groupe. "Ont été reçues ce matin les organisations syndicales pour parler des transformations des hypermarchés", a-t-il expliqué. La direction a dit aux syndicats qu'une vingtaine d'hypermarchés "qui perdent de l'argent" nécessitaient "un traitement sur-mesure", a-t-il encore dit. "Et dans ce traitement sur-mesure, il y a plusieurs options, comme le passage en franchise (...) un passage en location-gérance ou bien encore une réduction de la taille des hypermarchés". "La cession, c'est une option parmi celles-là mais qui n'est pas supérieure ou inférieure", a-t-il poursuivi, ajoutant qu'il n'y avait "pas de calendrier, pas de liste qui a été posée".
Pression des activistes
Le groupe de distribution a aussi confirmé que sa branche restauration (environ 2000 salariés) "n'est plus au coeur des stratégies de l'entreprise", a poursuivi l'intersyndicale. "Sur toutes les activités qui ne fonctionnent pas, la direction étudie toutes les options", a résumé Laurence Gilardo (SNTA-FO).
Mis sous pression par des fonds activistes, endetté à hauteur de 3,7 milliards d'euros, Casino entend réduire sa dette nette d'un milliard d'euros d'ici à fin 2018.
Pour cela, le groupe de distribution (Géant, Monoprix, Franprix, Leader Price) a déjà vendu à un investisseur institutionnel les murs de 55 magasins Monoprix pour 565 millions d'euros, et 15% de la foncière Mercialys.
"Fuir ses responsabilités"
Selon l'intersyndicale, qui "déplore" l'absence à cette réunion du Pdg du groupe Jean-Charles Naouri, "qui fuit ses responsabilités sociales", la direction a "reconnu" une "erreur de communication" en interne sur ses projets.
Evoquant "l'inquiétude grandissante" des salariés, l'intersyndicale avait exigé la semaine dernière une réunion "dans les plus brefs délais" du comité de groupe pour "clarifier" la situation de Casino, dont le titre est en repli en Bourse depuis le début de l'année. L'intersyndicale "reste mobilisée et unie" pour "déclencher un comité de groupe extraordinaire", souligne sa déclaration.
Selon le SNTA-FO, la direction "serait ouverte" à des discussions en vue de la négociation d'un "accord d'anticipation" pour accompagner sur le plan social les différents projets du groupe.