20.000 euros par mois: pourquoi le gain d'Eurodreams est moins intéressant que le jackpot du loto

C'est une promesse alléchante, du moins au premier abord. Avec son nouveau "loto européen" Eurodreams, la Française des Jeux (FDJ) propose aux joueurs de remporter 20.000 euros par mois... Pendant trente ans. Cette rente est en effet le gain maximal que pourront remporter les joueurs, grâce à un ticket acheté 2,50 euros, lors du premier tirage de ce lundi 6 novembre.
Pour ce faire, ils devront avoir coché les six bons numéros de leur grille parmi 40 et un numéro complémentaire appelé "Dream" parmi une liste de cinq. Mais le versement des gains sous forme d'une rente mensuelle est-il vraiment plus intéressant que d'empocher le jackpot du loto en une fois?
Entre le versement d'un "revenu mensuel" de 20.000 euros pendant trois décennies et le versement en une fois de la somme équivalente à ces rentes sur trente ans, soit 7,2 millions d'euro en cumulé, on pourrait croire qu'il n'y pas vraiment de différence. Mais c'était sans compter sur l'inflation qui réduit, à somme égale, notre pouvoir d'achat au fil des années.
Le pouvoir d'achat grignoté par l'inflation
"N'étant pas indexée sur l'inflation, cette rente est soumise à l'érosion monétaire", souligne le président de Maison Laplace Benoist Lombard. Autrement dit, un gagnant remportant la rente maximale de 20.000 euros sur trente ans ne pourra pas du tout acheter autant de choses avec cette somme en 2053 qu'en 2023.
Selon les calculs du spécialiste en gestion de patrimoine, avec une hypothèse d'un taux d'inflation annuel de 2,5%, au bout de onze ans et demi de versements mensuels, les 20.000 euros vaudront déjà moins de 15.000 euros "de 2023". Au bout de trente ans et 360 mensualités reçues, la rente n'équivaut plus qu'à 9455 euros en valeur réelle, c'est-à-dire corrigé de l'impact de l'inflation.
Des perspectives de rendements moins importantes
Le deuxième inconvénient d'un versement sous forme de rente mensuelle par rapport au capital est la façon dont on peut faire fructifier ces sommes. Si le cumul des rentes versées sur trente ans, soit 7,2 millions d'euros, est perçu en une seule fois, il offre des perspectives de rendement très importantes. Supposons que cette somme soit investie dans son intégralité avec un taux de rendement relativement modeste de 2% par an, l’heureux gagnant d’EuroDreams aura récupéré plus de 13 millions d’euros au bout de trente ans via ce placement.
Preuve que le versement en capital est définitivement plus intéressante, un gagnant qui déciderait de placer son capital de 7,2 millions d'euros sur des obligations d'Etat* et d'en retirer chaque mois 20.000 euros pour financer son train de vie gagnerait quand même beaucoup d'argent. Au bout de trente ans, il gagnerait ainsi 7,77 millions d'euros supplémentaires par rapport à son capital de départ, d'après les calculs de Benoist Lombard.
Enfin, comme pour tout versement de rente, Benoist Lombard souligne "le risque de défaillances du débirentier, ici la Française des Jeux, même si tout porte à croire que l'entreprise sera toujours là dans trente ans". Toutefois, il rappelle qu'en cas de décès du crédirentier, à savoir le gagnant, le reste du gain est automatiquement reversé par la FDJ aux ayants droit.
"Les mensualités cessent d’être versées en cas de décès du Gagnant d’une rente. Le montant du gain restant dû est payé comptant et attribué par un notaire aux éventuels ayants droit conformément aux règles de dévolution successorales", précise le règlement intérieur d'Eurodreams.
* OAT sur 10 ans rémunérées au taux de rendement de 3,30% arrêté au 2 novembre.