Chez Engie, le vote sur Suez était joué d’avance

Le conseil d’administration d’Engie a entériné mardi soir la vente de sa part de 29,9% dans Suez à Veolia. Au lendemain de cette décision controversée, où l’Etat actionnaire n’a pas réussi à bloquer l’opération, tous les acteurs rejouent le match comme une finale de coupe du monde.
En réalité, "tout était plié d’avance" explique un administrateur du groupe. La semaine passée, lorsqu’Engie avait quasiment validé la vente de Suez à Veolia, le conseil avait, selon nos informations, évalué le rapport de force entre ses administrateurs en procédant à un "vote fictif" à mains levées. Seuls les deux représentants de l’Etat et de la CGT avaient exprimé leur opposition, soit deux administrateurs sur treize.
"Les administrateurs indépendants et le président étaient sept, donc majoritaire, énumère l’un d’eux. Il n’y avait plus de suspense".
Déjà, en juillet dernier, tous les membres avaient validé la mise en vente du bloc de 32% dans Suez.
Restait alors au président d’Engie à "faire atterrir en douceur la décision" comme l’explique l’un de ses proches. Jean-Pierre Clamadieu et Bruno Le Maire ont échangé par téléphone à plusieurs reprises hier pour parvenir à un accord tacite. "Chacun restait à sa place et personne n’était fâché" décrypte un bon connaisseur du dossier.
"Si l’Etat n’avait vraiment pas voulu cette opération, Clamadieu n’aurait jamais été au bras de fer contre lui, ajoute une autre source proche d’Engie. L’Etat a laissé faire une opération dont il voulait depuis le début".
Le pavé de Laurent Berger
Quelques minutes avant le conseil d’Engie, qui a débuté un peu après 19h, le secrétaire général de la CFDT a jeté un pavé dans la marre. Laurent Berger demande sur BFM Business aux administrateurs salariés CFDT d’Engie de "prendre du temps" et donc de ne pas voter pour la vente de Suez à Veolia. Au moment de voter, les deux administrateurs salariés de la CFDT ont donc quitté la salle du conseil pour éviter une confusion de leur vote. Et sauver la face de leur secrétaire général.
Dans les conseils d’administration, l’abstention n’existe formellement pas et est considérée comme un vote contre. La suite du conseil s’est alors tenue à onze membres dont sept ont voté pour: les cinq administrateurs indépendants, le représentant de la CFE-CGC et Jean-Pierre Clamadieu. La CGT a voté contre, tout comme le représentant de l’Etat. Les deux administrateurs "proposés par l’Etat" -qui ne le représentent pas formellement, ont partagé leur vote entre un contre et une abstention. "Les grandes manœuvres politiques chez Engie c’est terminé", se félicite-t-on au sein du groupe.