"Ça ne se décide pas sur un coup de tête": le directeur de l'Assurance vieillesse explique quelle génération sera concernée par un éventuel changement des retraites

La génération qui pourra être impactée par ce conclave c'est la génération née en 1964 qui commencerait à partir au 1er janvier 2027. - AFP
Réforme, abrogation, suspension, contre-réforme et maintenant un "conclave" avec les partenaires sociaux. Les Français qui préparent leur départ en retraite pourraient ne plus rien y comprendre.
Sur France Info ce mercredi matin, Renaud Villard, le directeur général de la Caisse nationale d’assurance vieillesse (CNAV) a fait preuve de pédagogie en clarifiant les choses, en rappelant qu'à partir du 1er octobre, la génération née en 1963 pourra partir à la retraite à l'âge de 62 ans et 9 mois.
"Pour ceux qui s'apprêtent à partir, pas de changement et sans rentrer dans le débat politique, c'est une bonne chose", estime Renaud Villard.
"La retraite c'est quelque chose qui se prépare, 4 mois, 6 mois avant, poursuit le directeur général de la Caisse nationale d’assurance vieillesse (CNAV). Changer les règles du jeu, même d'un point de vue favorable, dans un délai très court, c'est compliqué sur le plan opérationnel et c'est compliqué aussi pour les personnes. La retraite ça se décide pas au dernier moment sur un coup de tête."
"C'est la génération née en 1964"
Quelle que soit l'issue du "conclave", la génération née en 1963 restera concernée par la réforme de 2023.
"Le Premier ministre a été très clair, rappelle le directeur de la CNAV. La génération qui pourra être impactée par ce conclave c'est la génération née en 1964 qui commencerait à partir au 1er janvier 2027."
Car selon lui, il est impossible sur le plan pratique de changer le système en un claquement de doigts.
"Suspendre une réforme c'est changer les paramètres, changer les règles de gestion c'est un ticket minimum à quasiment 6 mois, explique Renaud Villard. Et ça sans compter le fait que les gens ne sont pas des pions. Préparer sa retraite c'est accompagner une carrière, c'est dialoguer, c'est conseiller. Il y a la question du "quand" mais la question du "combien". Le "combien" ça l'est tout autant pour nos concitoyens."
"Une retraite magiquement équilibrée"
Et le "combien" c'est aussi celui du montant du déficit du système des retraites. Alors que le Premier ministre a affirmé ce mardi dans son discours de politique générale que la France devrait emprunter la bagatelle de 45 milliards d'euros sur les marchés en 2025 pour le financer, certains opposants assurent que ce montant est exagéré et s'établirait plutôt entre 6 et 10 milliards.
Sur ce point précis, le directeur de la CNAV a rappelé le tour "de passe-passe" budgétaire de l'Etat qui équilibre artificiellement le système des retraites des fonctionnaires en en minimisant les déficits.
"La retraite des fonctionnaires est auto-équilibrée magiquement par l'impôt ce qui fait qu'elle n'est jamais en déficit, explique Renaud Villard. [...] Aujourd'hui un salarié du secteur privé cotise un peu moins de 30% pour sa retraite. Le fonctionnaire cotise lui à hauteur de 70% et ça ça s'appelle de l'impôt. [...] Il y a la main magique qui s'appelle l'impôt, sauf que la main magique elle vient de la poche de nos concitoyens."
Le directeur de la CNAV attend d'ailleurs de la Cour de comptes qu'elle éclaire les débats lors du futur conclave sur les retraites.
"Dorénavant tout le monde est d'accord pour dire qu'il y a un déséquilibre, constate Renaud Villard. Ce qui n'était pas aussi serein il y a deux ans. Ce serait bien d'avoir un consensus sur le montant du déséquilibre et d'objectiver les choses. Le COR est complètement objectif, l'avantage de la Cour des comptes c'est qu'ils vont pouvoir avoir une vision plus transversale encore avec le déficit de la fonction publique."
